August - Callan Wink - critique du livre

Critique  : Roman d’apprentissage, August – « août » en français – porte le nom de son héros mais aussi du mois dont l’atmosphère infuse peu à peu le texte. L’odeur du foin, la morsure du café trop chaud ou du thé glacé, le goût de la bière, la lumière dorée rasant les champs – Callan Wink sait créer une ambiance, un panorama de perceptions que vit le lecteur par procuration, d’une ellipse à l’autre alors que le protagoniste devient lentement adulte.
Né sur une petite exploitation du Michigan, August grandit entre les vaches et les chiens, tandis que sa mère s’éloigne peu à peu du fermier qu’elle a épousé pour s’échapper dans ses livres, apparaissant par bribes derrière les volutes de ses cigarillos. Puis, les montagnes du Montana remplacent les étendues du Midwest et l’épiderme du jeune adolescent s’épaissit, se durcit, tout en le laissant paradoxalement à fleur de peau derrière ses allures calmes et impénétrables. Taciturne et solitaire, il est le réceptacle parfait des sensations qui naissent des mots de l’auteur. Finalement, après le lycée, l’appel des champs, la fierté seront plus forts que la curiosité intellectuelle, que les mots doux de l’armée en ces lendemains du 11-Septembre, et voilà August qui se frotte à la vie, confrontant son intériorité à celles des autres.
Contemplatif, ce roman se déploie peu à peu, semblable à un instantané des ranchers américains, du quotidien dans les champs entrecoupé de moments poétiques, d’après-midis de pêche, de danses post-rodéos. Parfait bildungsroman, tout en finesse malgré la banalité épineuse des sujets qui apparaissent derrière les phrases, August est aussi une plongée réussie dans la ruralité du Big Sky Country, sans jamais tomber dans la caricature. Soignés, les personnages de Wink sont certes rugueux, mais ils permettent au primo-romancier de faire évoluer son héros et de l’amener progressivement, sans coups d’éclats ou si peu, à l’âge adulte.