Le 9 novembre 2024
- Scénariste : Natsuo Sekikawa >
- Dessinateur : Jirô Taniguchi
- Collection : SAKKA
- Genre : Drame, Seinen
- Editeur : Casterman
- Famille : Manga
- Date de sortie : 30 octobre 2024
- Durée : T.1
Une réédition du premier classique littéraire manga de Taniguchi.
Résumé : En 1905, le Japon est profondément marqué par sa victoire contre la Russie et l’ouverture à l’Occident qui se devait d’arriver. Un professeur de littéraire d’université revenant d’Angleterre décide alors de rédiger un roman.
Critique : Il y a quelque chose de Proustien dans Botchan, que Natsuo Sekikawa et Jiro Taniguchi ont créé à la fin des années 1970. Le cadre temporel dans un premier temps, avec ce début de XIXe siècle et tous les changements qu’il amène ou promet, cette guerre (ici terminée pour Soseki, à venir pour Marcel) qui enveloppe les personnages comme des spectateurs, cette lenteur aussi propre à un récit qui veut prendre le temps de développer, quitte à faire des digressions énormes et parfois complètement hors de propos. L’importance des sentiments, à l’égard des femmes et des hommes, amour et amitié se mêlant dans cette partition de personnages secondaires tout aussi importants que l’écrivain, qui se fond et se morfond à travers son protagoniste fictif. Passé, présent et un peu du futur se mêlent et se construisent simultanément, symbole d’une écriture renouvelée elle aussi, fragment d’un discours graphique qui évolue et qui veut donner autre chose à lire. Cette fresque historique sur le Japon et ses doutes, ses traditions, à travers la mise en abîme de l’écriture littéraire, est avant tout l’occasion de traiter des Japonais.
© Casterman / Taniguchi
Le style de Taniguchi est désormais incontournable, intemporel et inimitable, un peu comme celui de Proust. Pour ce qui est du graphisme, le trait du Japonais est assurément un talent pur, et ses visages tristes, ses intérieurs traditionnels et ses petites scènes d’action sont de vraies merveilles pour tout amateur du travail de ce mangaka, et du manga en général. Avec cette histoire à tiroirs et qui creuse, dévoile et détaille ce travail de l’écriture, cette question de l’inspiration et de la fuite du temps, Taniguchi est clairement dans son élément, et chacun de se choix, un tissu de vêtement, un jardin à telle saison, un regard dans le vague, devient évident pour que le récit se poursuive sur cette fine ligne qui montre un Japon pas encore tombé dans l’Occident (ce qu’il n’a jamais vraiment fait) mais qui hésite encore (ce qu’il continue de faire).
© Casterman / Taniguchi
D’une finesse rare, le dessin comme le scénario peut être affublé de nombreux qualificatifs, mais l’élégance de l’écriture et du dessin est peut-être ce qui semble le plus rejaillir à la lecture de ce chef d’œuvre du manga japonais.
256 pages – 20 €
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Galerie photos
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