Le 4 janvier 2018
Une œuvre inégale, mineure, mais qui comporte suffisamment de passages énergiques pour qu’on y prenne grand plaisir.
- Réalisateur : Raoul Walsh
- Acteurs : Wallace Ford, John Mills, Anna Lee, Grace Bradley, Frank Cellier
- Genre : Film de guerre, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h27mn
- Titre original : O.H.M.S. (You are the army now)
- Date de sortie : 25 novembre 1939
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– Année de production : 1937
Résumé : Deux soldats, au service de sa Majesté, sont parfaitement unis au combat. Mais quand tous deux cherchent à obtenir l’affection de la fille du sergent-major, cette union se voit vite bouleversée...
Notre avis : Le début est éblouissant, un concentré de Walsh : en quelques plans, le personnage est caractérisé par des gestes : gratter une allumette contre une affiche, entrer et boire sans payer, mais aussi par des propos qui le définissent en petite frappe prétentieuse et misogyne. Quand l’action bascule avec un meurtre dont il est à tort accusé, la maîtrise du cinéaste fait encore mouche : l’attaque des Chinois est un grand moment par son économie et sa vigueur. C’est dans l’énergie que Walsh est grand.
La suite hélas n’est pas de la même eau : quand le héros se fait passer pour un autre et rejoint l’armée, le rythme en pâtit ; entre romance et entraînement, quiproquo et défilés, le film s’empâte et ne s’embarrasse ni de finesse ni de vraisemblance. Le charme de l’interprète et son abattage évitent l’engluement total, mais l’abus de stock-shots et de situations convenues nuisent gravement à la santé d’une œuvre qui s’annonçait meilleure. Heureusement, il reste un ton particulier, une manière de détachement qui refuse de prendre au sérieux l’intrigue pataude. Walsh réussit certains passages comiques, se moquant même de la virilité de son héros lors des retrouvailles avec son ancienne copine délurée.
Mais ce qui résiste et maintient l’intérêt, c’est le personnage, un hâbleur tel que Walsh les aime, rétif à toute autorité, vantard, séducteur et bagarreur. Dans le rôle, Wallace Ford, même s’il n’a pas la classe d’un Errol Flynn, possède la morgue et la faconde nécessaires. Les autres interprètes sont relativement transparents, mais il faut dire que le scénario assez faible les dessert considérablement. Malgré son joli minois, Anna Lee joue les utilités et John Mills n’en peut mais dans son rôle de faire-valoir.
Heureusement, la dernière partie du film, en Chine (enfin, dans quelques décors vaguement chinois) relève le niveau : Walsh retrouve toute son énergie pour des affrontements nerveux et, malgré un manque évident de moyens, sort le métrage de sa léthargie. Il précipite le montage, utilise au mieux ce dont il dispose (un pont qui explose, une arche et des figurants…). Mais surtout, le héros devient un vrai homme walshien, que l’armée n’a pas changé : sa rédemption ne vient pas du patriotisme (on n’est pas chez Ford) ; s’il se sacrifie, c’est par amour pour Sally, au mépris des ordres et des règlements. C’est la première fois qu’il prend la situation au sérieux (tout en se permettant des réparties plutôt drôles) et le cinéaste l’oppose aux « bonnes gens » lâches retranchées dans une maison. En organisant la résistance et en galvanisant ses troupes, il les sauve et se sauve lui-même. Si Walsh le rachète, rien ici du héros christique ou de quelque religiosité que ce soit. Mort sobre, image floue, tout est dit. Cette fin magnifique contrebalance une œuvre inégale, plombée par sa deuxième partie, mais dont les meilleurs passages débordent de cette énergie vitale qui nous font chérir même les métrages mineurs d’un réalisateur majeur.
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