Au nom de la bombe – Albert Drandov, Franckie Alarcon – la chronique BD

Au nom de la bombe est la réédition par Steinkis d’un titre paru chez Delcourt en 2010. Cet album constitue le produit de l’investigation du journaliste Albert Drandov, qui a mené un travail de fond basé sur des entretiens avec des vétérans, des témoins, des populations victimes et des militants. Chaque témoignage fait l’objet d’un chapitre distinct. On aurait aimé que le journaliste nous renseigne, au moyen d’une mise en scène de l’auteur, sur la façon dont ces déclarations ont été obtenues. Il n’en reste pas moins que ces faits démontrent l’ampleur du mensonge d’État sur la question des conséquences humanitaire de l’obtention par la France de la bombe atomique.

Albert Drandov, Francis Alarcon / Éditions Steinkis

On reste pantois devant le témoignage de l’épouse d’un soldat irradié en Algérie dans les années 1960 et qui est placé dans un hôpital militaire sans possibilité de visite et avec un refus systématique de l’administration de transmettre la moindre information médicale… Sur le terrain, les soldats du rang et surtout les populations locales sont laissées dans l’ignorance la plus totale des conséquences de l’irradiation. L’amateurisme de l’armée affleure parfois, comme lorsque l’album relate l’épisode de panique générale qui suit un essai nucléaire en 1962. Les notes de fin d’ouvrage apportent des précisions bienvenues grâce notamment à des archives restées classifiées.

S’il ne sublime pas le récit, le dessin et le découpage de Franckie Alarcon s’avèrent efficaces. Les planches rendent bien compte de l’atmosphère des années 1960 et de la Polynésie française, ce qui facilite l’immersion du lecteur.

Albert Drandov, Francis Alarcon / Éditions Steinkis

Au nom de la bombe offre un aperçu toujours intéressant – et quelques fois saisissant – sur une réalité méconnue : les conséquences environnementales et sanitaires de l’obtention par la France de la bombe atomique.