Attack of the Adult Babies (Étrange Festival 2017) - la critique du film

Notre avis : « What The Fuck ?! ». Voilà la première chose qui vient à l’esprit en observant un tel concentré de grand n’importe quoi. Ce sentiment est cependant parfaitement assumé par le réalisateur qui s’est amusé, à partir d’un banal pitch de home invasion, à détourner certains codes du cinéma de genre et à les mélanger à un humour cradingue pour élaborer ce grand moment de nonsense comme les Anglais en raffolent. L’exercice n’est pas vain pour autant car cette farce déjantée a pour elle un sous-texte politique, mettant dans sa ligne de mire une oligarchie ploutocratique assimilée ni plus ni moins à des porcs.
Inutile d’y chercher pour autant une once de subtilité. La comédie grotesque repose d’ailleurs sur une surenchère de gags scatologiques assez écœurants. Et pourtant, la limite de ce délire pour amateurs de caca est qu’il ne va jamais TROP loin dans le crade. Trop loin dans l’absurde, c’est une évidence. Trop loin dans la parodie horrifique. Pourquoi pas. Trop loin dans le métaphysique. C’est bien là le véritable du film. Mais, en ce qui concerne les effluves d’excréments, le film reste dans un entre-deux : trop sale pour les défenseurs du bon goût, pas assez explosif pour ceux qui espéraient une véritable outrance délurée.

Copyright Mitchell-Brunt Films

Ce que Dominic Brunt a en revanche su rendre irrésistible dans son film vient de sa maîtrise des codes qu’il détourne. C’est ainsi que l’infirmière en chef se retrouve transformée en une pure créature de film d’horreur, descendante directe d’Ilsa, dont le caractère grand-guignolesque est certainement la source des gags parmi les plus délirants du film. Ces ruptures de ton ultra-référencées sont le fruit d’une mise en scène pleine de surprise, sachant jouer sur la durée de certaines situations dérangeantes jusqu’à les rendre parfois follement drôles. C’est notamment le cas de l’interlude qui n’a, finalement, de drôle que sa tendance à s’étirer de façon inconfortable.
Les bonnes et les mauvaises idées s’entrecroisent ainsi du début à la fin, laissant même place dans le dernier quart d’heure à un étonnant regain de créativité visuelle, qui ne vient cependant pas servir le film mais au contraire lui donner l’allure d’une œuvre inaboutie qu’il a fallu compléter avec ce qui venait. Heureusement que le retour au pur nonsense de la conclusion vient nous rappeler qu’il ne fallait pas chercher à trouver un tant soit peu de cohérence dans ce qui l’a précédé. On aurait toutefois aimé tirer quelque chose de plus intelligent de cette comédie qui prenait pourtant la voie de la fable satirique.

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