Le 15 janvier 2008
- Plus d'informations : Tout sur la BD Astérix
Film français événement de l’année 2008, Astérix aux jeux Olympiques se veut être le blockbuster vaillant qui viendra sauver la part de marché de la production française alors qu’elle est au plus bas. Un super héros donc qui néanmoins dissimule mal ses craintes pharaoniques face à la critique et à la possibilité d’une rouste commerciale historique.
Film français événement de janvier 2008, voire même de l’année 2008, Astérix aux jeux Olympiques est ce que le cinéma hexagonal a sorti de plus gros depuis Astérix et Obélix : mission Cléopâtre (2002) et Les bronzés 3 (2006). Un blockbuster vaillant qui vient sauver la part de marché de la production française alors qu’elle est au plus bas, mais qui néanmoins dissimule mal ses craintes pharaoniques face à la critique et à la possibilité d’une rouste commerciale historique.
Janvier 2008. Voilà donc le fameux mois d’Astérix ! Budget faramineux, tournage gargantuesque, promo indécente, scandales people ridicules... Le dernier volet d’Astérix exprime finalement une vision bien mercantile du cinéma qui essaie de faire croire au public qu’il est demandeur d’un produit, alors qu’initialement celui-ci s’en moque quand même un peu royalement (n’en déplaise à son empereur Delon, César dans ce troisième opus). Qui a vraiment envie, de nouveau, de voir Depardieu endosser les bretelles d’Obélix ? Déjà pour le deuxième volet, on ne parlait plus que de Chabat et de sa bande, et plus du tout de son personnage pourtant central. De même, qui a envie de revoir Alain Delon au cinéma (que l’on dit impressionnant d’autodérision dans le film) alors que pendant si longtemps celui-ci, indisposé par ses échecs consécutifs sur le grand écran (L’ours en peluche, même pas 10.000 entrées sur Paris en 1994), crachait sur le septième art, comme il avait craché dans les années 80 sur la nouvelle génération de comiques français (issus du Splendid, en l’occurrence) ?
A l’ère du jeu vidéo, des trilogies d’heroic fantasy épiques, du home cinéma et de l’internet, ressortir les vieilles valeurs franchouillardes de notre culture sont révélatrices d’un regard bien limité sur notre société. Après tout, aujourd’hui Astérix et ses caméos, son argent et ses anachronismes nous renvoient un peu à Deux heures moins le quart avant Jésus Christ tourné il y a 25 ans ! Rien de bien nouveau a priori dans la formule, mais l’annonce du budget, les bulles de champagne et la promo omniprésente vont servir d’appât pour rameuter des foules, qui ne viendront peut-être pas en assez grand nombre pour justifier pareille démesure, mais suffisamment, il est certain, pour créer un événement médiatique comme le cinéma en connaît peu et comme il en a besoin pour se revigorer. Seulement, niveau rêve et glamour, l’on repassera. Ce grand déballage ne paraît ni très beau, ni très sain, sûrement trop souillé par le Veau d’or. A force de verser des euros aveuglément - tiens, cela rappelle un peu le naufrage San Antonio - ses producteurs en ont peut-être oublié la décence et l’humilité. Mais finalement à l’ère de la politique people, n’est-ce pas là un signe de cohérence que de voir le cinéma nous rappeler ses prérogatives.
Les premières projections du film ont eu lieu dans le plus grand secret, avec des journalistes méticuleusement sélectionnés dont nous ne faisions pas partie. Toujours cette image un peu rentre-dedans qui nous colle parfois à la peau, ce qui est sûrement injuste lorsque l’on considère le nombre de comédies françaises démontées par beaucoup de nos confrères et que nous avons défendues parmi les plus conspuées (Les Dalton ou L’auberge rouge, si, si...) ? Ou bien est-ce encore à cause de cette méfiance (mépris ?) pour les sites internet (peu ont été conviés aux festivités) ?
Il n’empêche qu’en dépit de ces précautions, les avis n’ont pas été très bons. La nouvelle équipe ne bénéficiant pas de la même indulgence que celle dont ont bénéficié Jamel Debouzze et Alain Chabat, c’est indéniable. Tout n’est pourtant pas joué et nous attendrons d’avoir vu le film pour nous faire notre propre opinion. Mais malheureusement, même si cette deuxième suite peut s’avérer positive, nous ne pouvons actuellement que déplorer ce manque de transparence vis-à-vis de la presse qui sent bon l’appréhension d’un lynchage sur la place publique. Mais cela serait sous-estimer le public, qui souvent préfère se forger son propre avis sur les comédies populaires (rappelez-vous la dichotomie presse/public pour Les couloirs du temps). Ou peut-être est-ce tout simplement par peur de révéler l’horrible rejeton dans lequel on ne croit finalement plus tant que cela. En tout cas, cette hésitation de dernière minute à dévoiler Astérix n’annonce rien de très bon. Ni forcément de très mauvais non plus, mais cela vient confirmer que ces Jeux Olympiques ne nous offriront probablement pas la comédie de la décennie. Comme quoi, l’argent et talent, aussi liés soient-ils, ne formeront jamais un couple aussi évident que certains aimeraient bien le croire.
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