Asgard - Le Serpent-Monde - Tome 2 - la critique

Le second tome d’Asgard confirme tout le bien que l’on pensait de lui. C’est une œuvre rude, efficace et passionnante.

Résumé Asgard Pied-de-fer et sa troupe sont partis affronter le krökken, un monstre marin qui sème la terreur parmi la population côtière. Alors que l’équipage a affronté son premier combat contre l’animal, il ne peut que constater de lourdes pertes matérielles et humaines. Tandis que le "grand froid" va abattre sur la région, bloquant les possibilités de retrait, il est trop tard pour eux de faire demi-tour, ils doivent avancer jusque dans l’antre de la bête et terminer le travail. Tout autre option causera leur perte à tous...

Notre avis Second volet du diptyque, le "serpent-monde" plonge le lecteur au cœur de l’action dès la première page. Pas de chichis ni de tralalas, les personnages, les légendes et le pays ayant déjà été présentés dans le premier tome c’est, maintenant, l’heure du combat, de la bataille finale. Xavier Dorison (HSE, Long John Silver, le Troisième testament, XIII Mystery) ne s’encombre pas de fioritures, son scénario va droit au but et c’est ce qui le rend dense et puissant. Asgard oscillant entre le road movie et le survival movie, du moins leur équivalent BD, il fallait une narration rude et efficace pour que le lecteur puisse ressentir l’hostilité du pays, de la météo et du krökken.

Attention, Asgard n’est pas un qu’un album "bourrin" avec monstres et biceps. Au contraire, Dorison nous propose des pistes de réflexion avec comme fil rouge la remise en cause de la foi. Le sujet a été maintes fois exploré avec le christianisme mais jamais (ou rarement) avec les mythologies nordiques. Et là, on ne parle pas des hommes qui défient les dieux, non, ici, les hommes les renient entièrement et se mettent en confrontation directe avec la population restée pieuse. Hasard du calendrier, on retrouve aussi ce thème dans le Mjöllnir de Peru et Goux, sorti au même moment que ce tome 2.

Asgard est une road-BD (nous assumons le néologisme) ce qui va induire une évolution de nos personnages, et principalement, de notre héros qu’est Asgard. Pour que ça marche, Dorison l’a imaginé suffisamment complexe pour qu’au long de l’histoire, il puisse réfléchir sur sa foi (ou son absence de foi), son courage et sa détermination. Suffisamment complexe aussi pour que le lecteur se demande s’il est un courageux viking ou un dangereux psychopathe.

Cet Asgard Pied-de-fer est réellement fascinant, le dessin de Ralph Meyer (Ian, XIII Mystery) lui donnant un air de cowboy à la Sergio Léone ou de soldat rappelant le John Wayne d’un Jour le plus long. Et si Asgard rappelle tant le grand écran, c’est tout bonnement parce qu’il est dessiné et scénarisé comme un film. Les cadrages, les plans, les personnages et le rythme sont calqués sur les œuvres des salles obscures.

Les râleurs trouveront ça un peu caricaturale mais les amateurs ne bouderont pas leur plaisir car, prouvant que le festival d’Angoulême ne s’était pas trompé en nominant le tome 1, les 2 volumes d’Asgard forment vraiment une œuvre forte qui marquera l’année.