Rues sans issue
Le 18 avril 2022
Premier film de Wong Kar-wai, cette commande policière contient déjà en filigrane les thèmes qui seront développés ultérieurement chez ce grand styliste du cinéma contemporain.
- Réalisateur : Wong Kar-wai
- Acteurs : Andy Lau, Maggie Cheung, Jacky Cheung, Alex Man, Kau Lam
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Action, Romance, Triade
- Distributeur : Metropolitan FilmExport, The Jokers
- Editeur vidéo : CTV International
- Durée : 1h42mn
- Reprise: 29 juin 2022
- Titre original : Wong gok ka moon (旺角卡門)
- Date de sortie : 14 mai 1989
- Festival : Festival de Cannes 1989
L'a vu
Veut le voir
– Sortie en version restaurée : 29 juin 2022
Résumé : Wah est un petit gangster qui sévit dans les quartiers de Hong Kong aux côtés de son meilleur ami, Fly. Prisonnier du monde impitoyable des triades, il fait la rencontre de sa belle cousine Ngor, qui tente de le soustraire à cette spirale de violence. Mais Fly s’est endetté fortement auprès d’un chef de gang qui cherche à l’éliminer. Wah n’a pas le choix : il doit aller au secours de son ami...
Critique : Wong Kar-wai était scénariste chevronné lorsqu’il accepta cette commande policière, qui sera présenté à la Semaine de la Critique cannoise en 1989. À la première vision, on a du mal à reconnaître clairement la griffe du futur grand styliste des années 90 et 2000. Le récit, linéaire, est en fait un remake officieux de Mean Streets, et le cinéaste semble exécuter un contrat conforme au pacte qui liait les directors hollywoodiens aux magnats de la Warner et autres studios des années 30 et 40. Les séquences de pure action, filmées certes de façon impeccable, semblent peu captiver Wong, à qui l’on a d’ailleurs imposé la collaboration d’un assistant ayant déjà œuvré pour Bruce Lee et John Woo. Non que le cinéaste méprise le cinéma de genre (il sera l’auteur du remarquable Les cendres du temps) ; mais il semble préférer les digressions et temps morts, à l’instar de cette hilarante séquence de repas de mariage ou de ces instants privilégiant les rapports entre Wah et Ngor, qui annoncent la délicatesse des sentiments de In the Mood for Love : la douleur de la séparation géographique et physique entre les deux cousins et amants fait rétrospectivement écho à la mélancolie des deux personnages de ce film, ce qu’accentue la présence de Maggie Cheung, future muse du cinéaste.
- © 1988 In-Gear Film Production. Tous droits réservés.
Le ralenti des séquences romanesques (mais aussi des agressions entre truands), loin d’être une coquetterie de style, s’inscrit dans la mouvance de ses pairs John Woo et Johnnie To, tout en montrant les prémices de la beauté plastique de 2046. Si le cinéma américain semble influencer Wong Kar-wai, As Tears Go By s’inscrit dans le courant plus vaste du drame urbain, qui de Rue sans issue aux polars de la Nouvelle Vague semble exercer une fascination pour le réalisateur : de cette dernière école cinématographique, Wong a retenu le sens du second degré et du mélange des genres : Wah abattu par la police et s’écroulant près du trottoir ne pourrait-il pas être un lointain cousin asiatique du Belmondo d’À bout de souffle ? On retiendra enfin de ce premier opus le goût du cinéaste pour les chansons populaires, servant de leitmotiv pour maintes séquences d’émotion : qu’il ait choisi ici une adaptation cantonaise de Take My Breath Away, le tube de Top Gun composé par Giorgio Moroder, n’est pas le moindre des paradoxes de ce cinéaste excessivement qualifié d’esthète déconnecté de la culture populaire.
– Hong Kong Film Awards 1989 : Meilleur acteur dans un second rôle pour Jacky Cheung - Meilleurs décors
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.