C’est ma tournée !
Le 15 octobre 2003
Quand Philippe Djian évoque ses influences littéraires et les auteurs qui l’ont façonné, le lecteur se régale. Car, plus qu’un hommage, cet ouvrage est aussi un bel exercice de style.
- Auteur : Philippe Djian
- Editeur : Pocket
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Française
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Evidemment, pour qui a suivi sa production romanesque depuis le début des années 80, les influences de Philippe Djian n’ont jamais baigné dans le mystère. Ses narrateurs/écrivains ont toujours clairement affirmé de quel côté penchait leur cœur quand il s’agissait de littérature, se référant encore et toujours à des romanciers comme Cendrars, Melville, Brautigan, Céline ou Salinger (liste non exhaustive). A défaut d’ériger une statue en hommage à Vernon Caufield comme le préconisait l’un d’entre eux, Philippe Djian tente de régler ses dettes à travers cette "Ardoise".
Cette fois, il passe à l’acte sans se cacher derrière l’un de ses personnages. Ils sont dix à avoir passé le cap. Dix, dont huit sont américains, accompagnant Cendrars et Céline. Dix écrivains hors normes, que l’on aura bien peu de chance de croiser dans les manuels de littérature. Ce sont d’abord et avant tout les impressions d’un lecteur qui, peu à peu, se transforme en écrivain. L’influence colle aux basques, les souvenirs sont charnels et chargés d’émotion.
Ces dix élus ont bien évidemment plusieurs points communs. Baroudeurs tout d’abord : Kerouac, Cendrars, Miller, Céline, Hemingway. Car la littérature doit puiser sa source dans un univers en mouvement, même s’il ne suffit pas "de voyager et de rouler ses cigarettes d’une seule main pour écrire Les Pâques à New York". Stylistes ensuite. Car parmi ces dix-là, on ne compte que ça. Des électrisés de la plume, des champions de la prose, des musiciens de la littérature, des adeptes de la construction symphonique. "Le styliste absolu" ? Céline, bien évidemment, "le plus puissant d’entre tous". Carver, dont l’écriture ressemble à de "l’ivoire", Brautigan qui fait "tenir une tragédie grecque dans un dé à coudre".
La grande force de ce texte c’est qu’il n’a rien de prétentieux. On lit tout ça en souriant, comme si un bon vieux copain tentait de nous faire partager sa conception de l’écriture tout en nous expliquant à quoi ressemble un livre qui tient la route. En s’acquittant de cette "Ardoise", Djian a rédigé la confession passionnée d’un lecteur devenu écrivain. Un écrivain qui marche désormais dans les empreintes de moins en moins larges de ses aînés.
Philippe Djian, Ardoise, Pocket, 2003, 4,70 €
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