Let Duchovny shine in
Le 3 mars 2016
Plongée efficace dans le Los Angeles des années 60, Aquarius ne révolutionne rien mais offre un programme réjouissant grâce à un David Duchovny impérial et un scénario bien plus complexe qu’il n’y parait.
- Acteurs : David Duchovny, Gethin Anthony, Grey Damon, Claire Holt
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Américain
- : The Corporation, Showshank Films
- Durée : 546mn
- Chaîne de TV : 13ème RUE
- Titre original : Aquarius
- Date de sortie : 23 février 2016
Résumé : Los Angeles, 1967. Le sergent de police Sam Hodiak est chargé d’enquêter sur la disparition d’une jeune fille. Aidé dans son enquête par un jeune agent infiltré dans le milieu du trafic de drogues, il va découvrir, derrière le vernis des communautés hippies, un homme dangereux et manipulateur, Charles Manson. Au même moment, les tensions raciales et politiques sont au plus haut dans une Amérique embourbée dans la guerre du Vietnam.
Plongée efficace dans le Los Angeles des années 60, Aquarius ne révolutionne rien mais offre un programme réjouissant grâce à un David Duchovny impérial et un scénario bien plus complexe qu’il n’y parait.
Notre avis : Aquarius est l’exemple type de la série qui mérite que l’on s’attarde dessus, quitte à faire un petit effort pour dépasser une première impression plutôt moyenne. Il faut dire que la série s’est jusque là vendue sur une unique promesse : l’affrontement entre un flic réac vétéran de la seconde guerre mondiale et Charles Manson, figure de gourou et chef de secte dont toute l’Amérique connait aujourd’hui le sombre destin. A l’arrivée, surprise, Aquarius n’est pas, à l’instar de ses personnages, ce qu’elle prétend être. Si la série raconte effectivement, à grands renforts d’éléments de fiction, le parcours d’une enquête qui mène progressivement à s’intéresser à Charles Manson, elle se veut avant tout un portrait social et politique de l’Amérique post-Kennedy et de ses espoirs déçus. Les premiers épisodes laissaient pourtant craindre le mauvais pastiche d’une époque maintes fois représentée au cinéma ou à la télévision, et la succession des clichés sexe, drogue et rock n’roll. Heureusement, Aquarius abandonne très vite son côté Jukebox et s’écarte de la secte de Charles Manson pour mieux parler, et plutôt bien, du racisme, de la guerre, de la place de la femme dans une société toujours phallocrate, et, aussi, beaucoup, de politique.
Des magouilles politiques qui annoncent la future présidence vérolée de Richard Nixon, à la montée en puissance du mouvement des Black Panthers, en passant par la guerre du Vietnam qui divise l’Amérique, Aquarius est à la fois pure oeuvre de fiction (un panneau le rappelle à chaque début d’épisodes) et portrait crédible d’une époque troublée.
- ITV Studios America ©
Cette Amérique dichotomique qui célèbre l’amour libre et envoie ses enfants en massacrer d’autres, c’est le véritable sujet d’Aquarius. La série s’éloigne ainsi de son manichéisme apparent, et offre à ses personnages de multiples nuances qui leur permettent d’exister au delà des apparences. Ainsi, Sam Hodiak n’est pas le cliché du policier réac mais cool que la campagne promotionnelle voulait nous vendre, quand Brian Shafe n’est pas le jeune policier ouvert et tolérant auquel on pensait avoir à faire. S’il faut reconnaître un argument de poids en faveur d’Aquarius, c’est bien son acteur principal, David Duchovny. C’est bien simple, il est le leitmotiv qui permet à la série d’être constamment passionnante, même lorsque survient une baisse de régime. A la fois massif et gracile, il compose avec un archétype de personnage de série télé (le flic old-school confronté à un monde qu’il ne comprend plus) pour en proposer une version épurée de toutes fioritures. L’acteur, qui n’a jamais percé au delà du petit écran, devient alors une énigme qu’il est fascinant de voir évoluer au fil des séries, et que l’on rêve de voir dirigé par Scorsese ou Eastwood.
Le reste du casting, solidement charpenté, est à l’image des productions télévisées américaines : sans réelle faute de goût, soigné jusque dans le plus petit rôle. Reste la question de Gethin Anthony, qui interprète un Charles Manson dont il est difficile de savoir s’il correspond de près ou de loin à ce qu’était le véritable Charles Manson, toujours en prison aujourd’hui. L’acteur compose un personnage constamment sur le fil du pathétique, dont il est parfois difficile de comprendre qu’il exerce autant de pouvoir sur ses brebis. Pour autant, le principe de secte reposant sur l’endoctrinement des plus faibles, il est intéressant de voir un personnage dont l’aura repose sur une mystification de tous les instants. A voir donc, si les showrunners oseront aller jusqu’au bout du portrait esquissé de Charles Manson, celui d’un type mégalomaniaque et faible qui se bat pour entretenir une illusion qu’il sait fragile.
- ITV Studios America ©
Au rayon des plaintes, on pourra toujours reprocher à la série sa trop grande sobriété visuelle. Difficile d’y trouver une vraie patte artistique, hormis celle, impeccable, de la pure reconstitution d"époque. On frôle le sans faute de ce côté là, à l’exception de quelques plans censés faire comprendre au spectateur le changement de lieu, et que l’on croirait sortis d’une SITCOM des années 90. Pas de quoi entamer le plaisir ascendant procuré par cette première saison dont on espère qu’elle saura maintenir ce niveau d’exigence pour une saison 2 déjà sur les rails. Aquarius, série classique, hautement divertissante, chaudement recommandable.
Les suppléments :
Des bonus navrants : webisodes insignifiants, interviews consternantes d’amateurisme, et un documentaire, La vie après Manson, qui noie ses quelques images d’archives et le témoignage de Patricia Dianne Krenwinkel (une des complices de Charles Manson) sous des effets ringards et une mise en scène pachydermique.
L’image :
Pas grand chose à dire ce ce côté là. Les plans nocturnes de Los Angeles offrent un noir profond impeccable et l’ensemble est à l’image de la série, sobre mais solide. L’image accuse parfois d’une colorimétrie assez terne, abusant des tons sépias. Mais il s’agit plus d’un choix artistique que d’un défaut technique.
Le son :
L’atmosphère sonore du film aurait mérité d’être enrichie pour que les deux pistes DTS-HD 5.1 soient pleinement utilisées. Il s’agit plus encore une fois d’une direction artistique un peu terne que d’un défaut de conversion.
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Lady S 23 juin 2016
Aquarius, saison 1 - Le test Bluray
Une série qui met le talent d’acteur de David David Duchovny à l’honneur. Après les X Files et Californication, Duchovny se réinvente.
Il est juste, il est précis. Il est vrai. Le scénario tient la route également. La réalisation est plutôt maligne. Bref Aquarius est une série plaisante qui se regarde sans souci.