Antoine Griezmann, champion du monde - la critique du documentaire

Notre avis : Ce documentaire d’une heure déroule, en plusieurs chapitres, le fabuleux destin du petit Antoine, parti tôt en Espagne, parce que dans son pays, on ne croyait pas en ses capacités de footballeur. Notamment produit par Alessandra Sublet, le film sur cette success-story à la française défend les valeurs de l’opiniâtreté et démontre, sans rire, qu’il ne faut rien lâcher, malgré les obstacles. Bref, on se croirait dans une pub pour n’importe quel équipementier sportif, alignée sur la logique d’un discours managérial, certes adouci par le visage encore poupon de notre champion du monde français.
Le documentaire privilégie l’angle people plutôt que la tactique sportive, s’honorant, comme convenu, d’une séquence émotion liée aux parents d’Antoine Griezmann, aux sacrifices qu’ils ont consentis pour la réussite de leur fils. On ne discute évidemment pas la légitimité de cet investissement, mais le fait qu’on le configure en segment lacrymal, l’émotion étant extirpée à un footballeur qui a vraiment l’air d’être un chic type.
En fait, ce documentaire très calibré paraît le pendant des injonctions de la Fédération Française de Football, après le marasme de Knysna, il y a presque dix ans, Bien dégagé autour des oreilles, le discours des champions du ballon rond doit être comme on le rêve : consensuel, aimable, issu de gens bien élevés, respectueux de leurs dirigeants (sportifs et politiques) qui sont des personnes irréprochables, souriants, toujours disponibles.
De ce point de vue, Griezmann est un très bon élève, aussi doué que sur le terrain, où quelques-uns de ses buts en club s’intercalent entre ses pénaltys de la Coupe du Monde et son tir victorieux contre l’Uruguay, que le footballeur ne célébra pas, par respect pour son coéquipier de l’Atlético Diego Godin, et plus globalement pour un pays qu’il porte dans son cœur. En résumé, le film respecte le cahier des charges : entraîneurs, coéquipiers, sélectionneur national, membres de la famille, apportent leur éclairage en débitant des banalités, la palme étant attribuée à Didier Deschamps, tellement expert en langue de bois que son propos pourrait s’appliquer à n’importe quel joueur professionnel, suffisamment motivé, mais qui a de temps en temps besoin d’être piqué au vif, afin de progresser. L’homme qui n’en dit jamais trop parle d’un autre plutôt avare de ses paroles. Bonjour la rigolade.
Le tout est agrémenté de ralentis classiques sur les meilleures actions du bonhomme, de gros plans entendus, dès que la caméra explore l’intimité familiale, ou de vidéos et photos, issues des archives personnelles. On y découvre que derrière l’interviewé soporifique se cache un clown spontané. On n’en doute absolument pas et on veut laisser ce Griezmann-là à son intimité. Pour le reste, ce documentaire sous surveillance est aussi avenant que son homologue consacré au parcours de l’équipe de France, qu’on avait regardé avec beaucoup d’ennui sur TF1, dans l’euphorie d’une victoire internationale. Les plus nostalgiques se rappelleront Les Yeux dans les Bleus. C’était l’époque où, avec une petite caméra DV, on pouvait encore saisir des moments qui échappent à une implacable logique de communication.