Le 9 novembre 2023
Au carrefour de la Nouvelle Vague et du pop art, ce film initialement tourné initialement pour la télévision peine à convaincre totalement, malgré le magnétisme d’Anna Karina.
- Réalisateur : Pierre Koralnik
- Acteurs : Jean-Claude Brialy, Anna Karina, Marianne Faithfull, Serge Gainsbourg, Dorothée Blanck, Henri Virlojeux, Barbara Sommers
- Genre : Romance, Comédie musicale
- Nationalité : Français
- Distributeur : Malavida Films
- Date de sortie : 29 novembre 2023
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– Année de production : 1967
Résumé : Anna débarque à Paris. Dès sa descente du train, Serge, directeur d’une agence publicitaire, tombe fou amoureux. Pour la retrouver, il fait placarder l’unique photo d’elle qu’il possède dans toutes les rues de la capitale, sans réaliser qu’il la croise pourtant tous les jours...
Critique : Téléfilm (ou plutôt dramatique télévisée comme on disait à l’époque, même s’il s’agit d’une comédie), Anna a été conçu comme la première production télévisuelle en couleur, quand bien même sa diffusion avait été effectuée en noir et blanc ! L’œuvre fut ensuite projetée au Festival d’Hyères. Mais il ne fut pas possible d’envisager une sortie en salle, car cela était inconcevable pour un film de télévision dans les années 1960. Tombé ensuite dans un oubli total, le long métrage a été récemment redécouvert et fait l’objet d’un culte auprès de certains cinéphiles, ce qui lui vaut d’être d’être distribué au cinéma par Malavida. Le réalisateur, Pierre Koralnik, était l’un de ces créateurs originaux qui, à l’instar d’un Jean-Christophe Averty, souhaitaient insuffler une inventivité plastique dans l’audiovisuel un brin poussiéreux de la période (en dépit de réussites signées Claude Barma ou Stellio Lorenzi).
- © Malavida
Et le film joue à la fond la carte du pop art, convoquant même une guest star anglaise (Marianne Faithfull) et donnant aux décors colorés une place centrale. En même temps, Anna est délibérément influencé par le style Nouvelle Vague, de la caméra à l’épaule dans les rues de Paris au ton décalé, en passant par l’utilisation de ses acteurs (Karina, Brialy) et techniciens, à savoir le directeur photo Willy Curant et la cheffe monteuse Françoise Collin, collaborateurs de Godard. Quant aux chants et chorégraphies, ils évoquent inévitablement le cinéma de Demy. C’est ce qui fait le charme et l’intérêt de cette curiosité de cinéphile, qui pourra séduire aussi par la présence de Serge Gainsbourg, acteur, chanteur, mais aussi parolier et compositeur, avec les réserves que nous verrons. Le clou du film n’en demeure pas moins la jolie chanson Sous le soleil exactement, qui fit partie de l’album Anna, sorti dans l’indifférence générale.
- © Malavida
Et pourtant, Anna peine à dépasser son image de « joli petit film d’auteur ». La première raison est un scénario de roman-photo cousu de fil blanc et qui tient en une fiche Bristol. Le réalisateur précise ainsi dans le dossier de presse : « Pour l’ORTF, notre projet devait avoir valeur de symbole : ses responsables imaginaient l’arrivée de la couleur à l’antenne avec ANNA. J’ai rapidement trouvé le sujet, ou plutôt le postulat : un publicitaire cherche l’amour, en vain, avant de découvrir que celui-ci l’attendait à ses côtés. La femme rêvée, idéalisée, fantasmée était sa secrétaire. C’était aussi un hymne à la beauté de Karina : ce n’est pas un hasard si le film porte son prénom ! Elle est fétichisée sur la couverture des magazines, des affiches de publicité. Le visage d’Anna, son regard, c’est vraiment l’image obsessionnelle qui hante Brialy ». Les jeux de l’amour et du hasard rappellent rétrospectivement le synopsis des Demoiselles de Rochefort (dans la relation entre Deneuve et Perrin) mais le résultat est plus proche de l’effet lelouchien. La seconde raison est un fantaisie laborieuse qui rend le matériau vieilli. La troisième raison est le caractère incohérent de certains choix artistiques sur le plan musical. Jean-Claude Brialy, acteur exquis, s’avère être un piètre chanteur, et Gainsbourg nous habituera à bien mieux que les chansons que l’on entend dans le présent film, à l’exception de celle que l’on a mentionnée. Reste Anna Karina. Séparée de Godard, l’actrice prouvait qu’elle maintenait intact le charisme qui émanait d’elle, ce que confirment également La religieuse de Rivette et Rendez-vous à Bray d’André Delvaux.
– Projeté au troisième Festival de Jeune Cinéma d’Hyères le 17/04/1967.
– Présenté sur la première chaîne de télévision française le 13/01/1967.
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