Anita - la critique du court-métrage

Notre avis : C’est l’histoire d’une égérie adolescente qui porte sur ses fragiles épaules le poids d’un monde devenu trop désespérant. Des communicants survoltés, descendants des yuppies eighties, s’échinent à trouver des stratégies qui rendront Anita toujours plus pessimiste, donc toujours plus vendeuse, comme si tous ces adultes regardaient, fascinés, la créature engendrée par leurs propres angoisses, devenues stratégies marketing. Avatar de Greta Thunberg, jusque dans sa mine renfrognée, Anita est évidemment acclamée, invitée par le laboratoire d’idées Thinkerview qui est "the place to be", sans qu’à aucun moment la liberté que devrait autoriser la légitimité de son combat ne lui permette de parler en son propre nom.
Coquille vide ou réceptacle, la jeune fille dépérit, telle la planète dont elle augure la destruction. Sauf que Cassandre profitera d’une tribune internationale pour conférer à sa parole une dimension performative. Quittant les rails d’un discours que tous les communicants pourraient, en coulisses, murmurer à l’adverbe près, elle retourne d’abord la violence du monde contre ceux qui feignent de l’écouter poliment. A ce moment précis, le film envisage une forme d’extrémisme : les mots d’Anita, graduellement dénonciateurs, semblent dessiner la perspective d’un massacre. Comme si l’idée de flinguer un à un ces apôtres de la bonne conscience prenait vie dans la chair du langage et d’un corps agité par l’imminence d’une décision. Sauf qu’Anita privilégie une issue conforme à l’idée que le film se fait d’un symbole, y compris dans sa version la plus ultime, c’est-à-dire sacrificielle. A une bifurcation scénaristique près, la militante écologiste serait devenue une terroriste. La radicalité ayant sans doute fait peur à cette fiction engagée, c’est aux bons soins d’une conclusion plus confortable que s’en remet le réalisateur.