Le 28 mai 2024
Un documentaire percutant sur un projet de tournage interrompu, à la fois journal intime et portrait poético-réaliste d’une jeunesse meurtrie.


- Réalisateur : Theo Montoya
- Genre : Documentaire, Expérimental, LGBTQIA+
- Nationalité : Français, Allemand, Roumain, Colombien
- Distributeur : Dublin Films
- Durée : 1h15mn
- Date de sortie : 29 mai 2024
- Festival : Festival de Venise 2022, Festival Chéries-chéris 2023

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Résumé : Une voiture funéraire circule dans les rues de Medellin, tandis qu’un jeune réalisateur raconte son passé dans cette ville violente. Il se souvient de la pré-production de son premier film. La jeune scène queer de Medellín est engagée pour le film, mais le protagoniste principal meurt d’une overdose d’héroïne à l’âge de vingt-et-un ans, tout comme de nombreux amis du réalisateur...
Critique : Réalisateur, directeur photo et producteur colombien, Theo Montoya avait été révélé par Son of Sodom, un premier court métrage sélectionné en compétition officielle cannoise en 2020. Coproduction colombienne, roumaine, française et allemande, Anhell69, son premier long, est distribué en France à l’initiative de Dublin Films, après une présentation dans plusieurs festivals dont la Semaine de la Critique de Venise 2022 et Chéries Chéris 2023, où il a obtenu le Prix du Jury. D’une durée de soixante-quinze minutes, ce documentaire à la fois poétique et réaliste, individuel et communautaire, est un déchirant témoignage sur une jeunesse LGGBTQIA+ discriminée en Colombie, et particulièrement lorsqu’elle cumule plusieurs problèmes sociaux, dont la pauvreté et la précarité.
- © 2024 Desvio Visual, Monogram Film, Dublin Films, Amerikafilm. Tous droits réservés.
Le film initial devait être une fiction, Anhell69, dont le titre devient aussi celui du « film dans le film » tout en restant le nom du personnage que devait y incarner Camilo Najar, le jeune homme décédé une semaine après avoir passé son casting (Anhell69 était en outre son pseudo sur les réseaux sociaux). Avec ce matériau transformé, Theo Montoya propose un kaléidoscope visuel et sonore vertigineux, alternant extraits d’entretiens de casting, images d’actualité sur la répression policière, danses en discothèques, confessions du réalisateur sur son cheminement personnel, images oniriques incrustant la thématique de la mort, et reconstitution de scènes de la série B d’horreur et d’auteur qui devait être tournée. En dépit d’un montage parfois clipesque (mais jamais racoleur), le film exerce une réelle fascination et parvient à capter la jonction entre le drame individuel et la destinée collective.
- © 2024 Desvio Visual, Monogram Film, Dublin Films, Amerikafilm. Tous droits réservés.
Le réalisateur a ainsi précisé dans le dossier de presse : « C’est aussi raconter l’annihilation et le no futur de ma génération, causés par le suicide et les drogues ainsi que par l’oppression d’une société conservatrice et violente qui tente d’exterminer tout ce qui pourrait remettre en cause le status quo ». Nul ton militant pourtant dans cette œuvre audacieuse et réellement touchante. Le film pourra en outre faire écho à deux récents documentaires axés sur la jeunesse : How to Save a Dear Friend (pour la difficile projection dans l’avenir) et L’île (pour l’interruption d’un projet de tournage), autres réussites du jeune cinéma d’auteur.