Le 7 mai 2018
Constat d’échec d’un couple vu de très près, ce film à la noirceur implacable mérite d’être vu, malgré son côté ostentatoire.
- Réalisateur : Călin Peter Netzer
- Acteurs : Diana Cavaliotti, Mircea Postelnicu, Carmen Tanase
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Allemand, Roumain
- Editeur vidéo : Blaq Out
- Durée : 2h05mn
- Box-office : 10 396 entrées France / 4 500 entrées Paris Périphérie
- Date de sortie : 21 juin 2017
- Festival : Festival de Berlin 2017
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– Sortie DVD : le 27 avril 2018
Résumé : L’histoire d’amour d’Ana et Toma commence dans une chambre d’étudiant. Ils sont jeunes, beaux, sensibles et exaltés ; ils s’aiment furieusement et rêvent de refaire le monde. Mais quand vient le temps d’affronter leurs démons, réels ou imaginaires, les amoureux s’accrochent désespérément l’un à l’autre, au risque de tout faire voler en éclats.
Notre avis : Dans une suite de séquences chaotiques, mêlant les époques, Ana, mon amour explore ou plutôt radiographie un couple, Ana et Toma, de leur rencontre à leur séparation. Mais qu’on n’attende pas une histoire simple et des bons sentiments : l’amour y est cruel, et peut-être même n’existe-t-il pas, et n’est-il que l’alliance de deux névroses entre une dépendante médicamenteuse et un sauveur trop dévoué. On n’en saura rien : si le psychanalyste qui reçoit Toma lui ouvre des portes, sa seule vraie réponse est : « à jeudi ». Comme le cinéaste dont il est une figure, il cherche à comprendre, mais la vérité de l’humain se dérobe en permanence.
- Copyright Sophie Dulac Distribution
Netzer convoque à peu près tout l’attirail de la crise, mais aussi tous les moyens de la surmonter : religion, psy, parentalité. Mais l’impuissance de ces voies ne conduit qu’à de nouvelles impasses et le « à jeudi » fonctionne comme la promesse d’une résolution sans cesse reportée. C’est que leur échec est celui d’un monde névrosé issu de parents eux-mêmes névrosés, emberlificotés dans de sombres histoires que leurs enfants reproduisent peu ou prou ; et le trajet du couple, filmé la plupart du temps en gros plans, est une sorte de transmission de maux et de situations malsaines.
- Copyright Sophie Dulac Distribution
Étouffant, glauque, Ana, mon amour laisse peu de place à la légèreté : c’est même trop, puisque rien ne nous est épargné, et pas seulement dans les dialogues : la crudité délaisse l’érotisme pour le sperme et la merde, et au fond le sentiment qui subsiste est que ces deux-là ont passé leur temps à se gâcher mutuellement la vie, au fil de séquences noires : les malaises, les disputes, la jalousie, les reproches, les dépendances, tout fonctionne comme le catalogue du couple masochiste emporté dans une course effrénée vers l’abîme.
Les partis-pris du cinéaste sont tenus jusqu’au bout : fragmentation du récit, effacement des couleurs, prédominance du gros plans sans profondeur de champ, absence de musique extra-diégétique, caméra portée. Autant de signes d’auteur exhibés, en étendard un peu m’as-tu-vu d’un cinéma réflexif engoncé dans sa noirceur.
- Copyright Sophie Dulac Distribution
Et pourtant, malgré quelques coups de mou, ça fonctionne plutôt : d’abord par la grâce de deux acteurs impliqués, se donnant sans compter pour animer des êtres assez théoriques. Mais aussi parce que Netzer, même en insistant, nous parle de notre époque et de ses incohérences ; l’amour y est une maladie autant qu’un aveuglement, la famille un enfer d’apparences, l’argent et les portables omniprésents. On pouvait espérer plus nuancé, mais de ce constat amer le réalisateur tire un film monté en virtuose et, in fine, profondément douloureux.
Le DVD
Les suppléments :
La conférence de presse de l’équipe du film à la Berlinale rappelle l’origine du film, et déploie quelques informations plus (une « méta-analyse », l’influence de Bergman) ou moins (la difficulté à interpréter des scènes intimes) intéressantes.
- Copyright Sophie Dulac Distribution
L’image :
La copie respecte les partis-pris naturalistes du film avec soin. Rien à redire, même si la définition n’est pas des plus remarquables.
Le son :
Les deux pistes (2.0 et 5.1) mettent en valeur les dialogues et la moindre inflexion de voix, le moindre soupir, résonnent avec beaucoup de présence. Pas de VF.
Galerie Photos
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