Une obsession collective
Le 15 août 2007
Une critique pertinente de la puissance des médias et de l’engouement pour la téléréalité outre-Atlantique.


- Réalisateur : Paul Weitz
- Acteurs : Dennis Quaid, Hugh Grant, Willem Dafoe, Mandy Moore
- Genre : Comédie
- Nationalité : Américain

L'a vu
Veut le voir
– Durée:1h48mn
– Le site du film
Une critique pertinente de la puissance des médias et de l’engouement pour la téléréalité outre-Atlantique.
L’argument : Parcours croisés de quatre personnages - un président, une star de télévision et deux candidats de téléréalité - qui illustrent une Amérique définitivement sous l’emprise de la télévision du réel.
Notre avis : American Dreamz est un film subtilement critique sur l’Amérique d’aujourd’hui. Celle envoûtée par la téléréalité. Au point que le président de la première puissance mondiale, incarné par Dennis Quaid, est tenu d’assister à l’émission, qui donne son nom au film, afin de relancer sa cote de popularité. Manipulé par un excellent Willem Dafoe en secrétaire d’Etat, qui rappelle sans détour un autre homme d’influence à la Maison Blanche, ce président inculte trouvera son salut dans sa candeur. Hugh Grant, alias Paul Tweed, animateur-vedette d’American dreamz, n’en a quant à lui plus une once. Monstre d’égocentrisme obnubilé par les audiences de son émission, il compte d’ailleurs les faire grimper grâce à un trio de candidats des plus racoleurs : un Arabe, un Juif et un Américain.
L’ambition de Tweed et son cynisme n’ont d’égal que ceux de Sally (Mandy Moore) qui veut devenir "une star". L’émission de téléréalité est le passage obligé pour atteindre le ciel, un rêve qui vaut tous les sacrifices. Même celui de s’encombrer d’un petit ami, autrefois trop terne à son goût, dont la nouvelle aura de vétéran de la guerre d’Irak sera la pierre angulaire de l’édifice de sa gloire. Pour ce qui est de son destin à lui, Omer, son concurrent, trouve dans ce jeu une réponse à sa passion de toujours pour Broadway et un écho au scepticisme que lui inspire son combat de moudjahidin.
Tous ces personnages, savamment et suavement interprétés, se croisent pour offrir une intrigue savoureuse dont la mise en scène ne laisse rien au hasard. Les dialogues sont incisifs, notamment dans la scène d’ouverture, tout est suggéré et chaque caractère apporte la note indispensable pour faire de cette galerie de portraits un ensemble sans fausse note. A la grande satisfaction du téléspectateur à qui Paul Weitz, toujours très fin (Pour un garçon) et inspiré par sa propre fascination pour "American idol" (émission de téléréalité américaine), laisse l’espace nécessaire pour digérer les images de cette Amérique-là. Celle dont la téléréalité est indubitablement une composante culturelle. Le tableau aurait été presque parfait, n’eût été cette "tare patriotique" qu’ont en commun la majorité des films américains et qu’on retrouve dans American dreamz. A savoir ce besoin de toujours concocter un happy end à la gloire de l’Oncle Sam. Et cela même après en avoir dépeint les pires travers.