Grandma - la critique du film

Une chronique familiale tout à la fois drôle et touchante, prenant la forme d’un road-movie.

L’argument  : Une vieille poète apprend que sa petite fille de dix-huit ans est enceinte. Toutes deux entament alors un voyage, pour se réconcilier avec leur passé douloureux.

Copyright Sony Pictures Germany

Notre avis : Présenté au festival de Sundance au début de l’année 2015, sorti en VOD depuis le 8 février 2016, Grandma n’a pas eu les honneurs d’une sortie en salles. Ce qui n’est pas franchement justifié, dans la mesure où ce film a des arguments à faire valoir.
Gandma a été réalisé par Paul Weitz, bien connu pour avoir mis en scène la comédie générationnelle American pie (1999) ou plus récemment Mon beau-père et nous (2010).
Dans ce nouveau long métrage, Paul Weitz ne s’écarte pas du registre de la comédie, qu’il affectionne manifestement beaucoup. Son récit est toutefois plus sobre qu’à l’accoutumée, le réalisateur privilégiant l’émotion, les relations humaines au comique de situation.

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Comme son titre l’indique, Grandma s’intéresse à une grand-mère. Précisément celle de Sage, une adolescente enceinte qui sollicite son aînée, Elle Reid, pour obtenir les six cent dollars dont elle a besoin pour avorter. Manque de chance, sa grand-mère n’est pas fortunée. Mais elle ne manque pas d’idées pour trouver de l’argent…
A l’instar du Ricki and the flash de Jonathan Demme, Paul Weitz dépeint une femme originale. Elle est loin de l’image d’Epinal de la grand-mère confectionnant des confitures à ses petits-enfants. Bien qu’ayant un âge certain, Elle Reid est une mamie ouverte d’esprit, qui parle librement de sexualité à sa petite-fille (la discussion au sujet de l’avortement dans le bar).
Elle a un caractère bien trempé, et se bagarre quand elle le juge nécessaire.

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C’est une femme qui va au bout de ses idées et ne se laisse pas influencer par les autres, quitte à paraître complètement à contre-courant de notre société actuelle (le découpage de ses cartes de crédit).
Surtout, le réalisateur Paul Weitz s’engage sur le plan sociétal en décrivant une grand-mère en avance sur son temps. Elle Reid a vécu une longue histoire avec une femme. Et elle a toujours assumé son homosexualité.
De manière assez évidente, Grandma constitue également un film féministe. Pas seulement parce qu’il est question d’une vieille dame iconoclaste. Dans ce long métrage, on ne croise quasiment pas d’hommes. Les femmes font leur vie en toute indépendance pour concevoir un enfant, comme la mère et la grand-mère. Quant à Sage, elle fait le choix d’avorter, pour disposer librement de son corps (avoir un enfant une fois qu’elle aura terminé ses études).

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Sans avoir l’air d’y toucher, sous ses allures futiles et son héroïne un peu fofolle, Grandma est bien plus fin qu’il n’y paraît. Les relations humaines sont d’ailleurs au cœur de cette chronique familiale. Or, au départ, l’entente cordiale n’est pas vraiment de mise : Elle Reid ne parle plus à sa fille. Quant à Sage, si elle vient voir sa grand-mère, c’est uniquement par intérêt. Les problèmes rencontrés par Sage sont donc l’occasion d’un rapprochement progressif entre ces trois générations de femmes. Paul Weitz privilégie le côté réaliste des scènes de son film, évitant un happy end qui aurait été maladroit.
Mais avant d’arriver à la fin, Elle Reid voyage avec sa petite-fille, dans le but de récolter l’argent dont cette dernière a besoin. Comme dans Broken flowers (2005) de Jim Jarmusch, Elle Reid doit replonger dans son passé. Elle revoit des gens qui ont marqué sa vie. Ce qui donne lieu à des moments drôles, dramatiques ou tout simplement fort sur le plan émotionnel. Elle Reid se rend compte qu’elle a commis beaucoup d’erreurs et qu’elle a fait du mal autour d’elle. Cette introspection est tout à fait louable et donne d’autant plus de fond à ce film.

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Au niveau de sa distribution, Paul Weitz peut compter sur une excellente Lily Tomlin dans le rôle principal. Il faut dire que l’actrice, connue aux USA pour ses rôles comiques depuis la fin des années 60, et remarquée en France dans la série Desperate Housewives, joue quasiment un rôle de composition. En effet, elle vit depuis de nombreuses années avec sa compagne, qu’elle a épousée en 2013.
Quant à Julia Garner, vue dans le drame We are what we are de Jim Mickle (2013), elle semble plus effacée dans le rôle de la petite-fille.
Au final, Grandma est une chronique familiale hautement recommandable, qui comporte suffisamment de thématiques fortes pour plaire à un grand nombre. En plus, ce film ne dure qu’une heure dix neuf !