Bye James
Le 25 mars 2014
La rom-com indé de Nicole Holofcener est bien sous tous rapports, et c’est peut-être son plus gros défaut.


- Réalisateur : Nicole Holofcener
- Acteurs : Catherine Keener, Toni Collette, James Gandolfini , Julia Louis-Dreyfus
- Genre : Comédie romantique
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h33mn
- Titre original : Enough Said
- Date de sortie : 26 mars 2014

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La rom-com indé de Nicole Holofcener est bien sous tous rapports, et c’est peut-être son plus gros défaut.
L’argument : Mère divorcée, Eva se passionne pour son métier de masseuse. Très attachée à sa fille, elle redoute le jour – désormais imminent – où celle-ci va quitter la maison pour aller à l’université. A l’occasion d’une soirée, elle rencontre Albert, un homme doux, drôle et attachant qui partage les mêmes appréhensions qu’elle. Tandis qu’ils s’éprennent l’un de l’autre, Eva devient l’amie et confidente de Marianne, une nouvelle cliente, ravissante poète qui semblerait parfaite si seulement elle n’avait pas un énorme défaut : dénigrer sans cesse son ex-mari. Soudain Eva en vient à douter de sa propre relation avec Albert qu’elle fréquente depuis peu.
Notre avis : Vouloir mettre sur pieds une comédie douce-amère à hauteur de quinqua désabusé est parfaitement honorable. Chercher à court-circuiter ou se réapproprier les passages obligés du genre, à savoir des trahisons, des épiphanies tardives, des poursuites sous la pluie et des french kisses finaux, l’est tout autant. Mais voilà, tout ce qui est honorable n’est pas nécessairement excitant, et si All About Albert est une petite chose très mignonne, drôle quand elle veut, parfois sagace, et toujours vraisemblable malgré son absurde quiproquo, on se demande d’emblée si passer une heure et trente-trois minutes à regarder des naufragés sentimentaux se tourner autour avec une pudeur attendrissante est bien raisonnable.
Alors, très vite, on met l’intrigue de côté. D’abord parce qu’on sait vers quel inévitable épilogue on se dirige au bout d’un petit quart d’heure, et ensuite parce que la caméra d’Holofcener semble elle-même filmer son développement boulevardier à contrecœur. Un ton au-dessus du reste, la rencontre entre les deux stradivarius qui se partagent l’affiche s’installe rapidement au centre des préoccupations, et donne au reste du projet des allures d’alibi mou du script. James Gandolfini en grizzly maladroit d’un côté, et Julia Louis-Dreyfus en masseuse dubitative de l’autre télescopent leurs personnages avec la douceur et la virtuosité d’un couple de vieux pianistes Blue Note. Ça s’apprivoise piano, ça se vanne piano, ça se drague piano…bref ça sent l’ivoire, et pas le sapin, alors-même que l’ex Tony Soprano a quitté ce monde depuis au moins neuf mois.
D’ailleurs, oublier la dimension post-mortem de l’objet en observant ces deux parents célibataires trop méfiants ou trop abîmés pour se la jouer love story passionnelle (leur passif pesant sur leur avenir) est quasiment impossible, à moins de porter des œillères mentales, ou de ne pas connaitre les deux acteurs. Trop inconséquent pour suspendre nettement notre incrédulité, le film ne nous empêchera jamais de ne voir en lui que la dernière apparition d’un maximonstre pop-culturel, et sa confrontation avec l’ex Elaine Benes de Seinfeld (qui cartonne pourtant dans la série Veep depuis deux ans). Mais après tout, avoir su organiser ce petit meeting au sommet est peut-être sa plus grande qualité.