Alex + Ada T.1 - La chronique BD

Alex se remet douloureusement d’une rupture amoureuse. Croyant bien faire, sa grand-mère richissime lui commande un nouveau modèle d’androïde compagnon révolutionnaire, qui pourrait rompre sa solitude. En bon lecteur et amateur de SF, on peut supposer qu’au bout d’un moment tout va péter, que l’intelligence artificielle va se mettre à tuer de l’humain, bref que tout va basculer dans la vie d’Alex. Et bien non, pas dans ce premier tome, en tout cas. L’histoire commence de manière très posée, sensible, polémique. Alex est un héros qui réfléchit, qui doute, qui s’interroge. Quitte à avoir une tête de chien battu, autant la traîner les trois quarts de l’album. En cela, Alex + Ada se rapproche bien plus des épisodes de l’excellente série britannique Black Mirror plutôt que des œuvres de Philip K. Dick ou Isaac Asimov. Non, Alex ne va pas embrasser Ada dès le premier soir, va plutôt même réfléchir à la renvoyer, et va non pas infiltrer un sous-sol des services secrets, mais seulement s’inviter dans un forum de personnes souhaitant parler de leurs androïdes respectifs. Pas d’action immédiate, c’est bien là la petite révolution de cette nouvelle série mi homme mi robot. Comme quoi on peut rendre une histoire intéressante sans passer voir tout le monde canarder tout le monde, s’enfuir tout le temps ou sauver le monde à tout moment.

© Delcourt

Là où le bât blesse, c’est que ces dialogues, ces prises de décision sont rendus dans un monde qui semble lui aussi assez immobile, au sens où les décors, les personnages n’ont pas une variété exceptionnelle. Pour les traits et expressions faciales, il y aurait un peu du Léo, ce qui est loin d’être un reproche, mais le manque de profondeur ou de détails des arrière-plans se rajoute, donnant une impression de vide, de creux dans les planches. Voire même de répétition pour certaines planches, qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à la précédente. De fait, les personnages discutent toujours dans la même pièce, ils n’ont pas bougé, et le dessin non plus... Du coup, il faudra espérer un peu plus d’action, de mouvement et tout simplement de différences dans les prochains tomes pour emballer non pas l’histoire, mais bien le cadre.

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Avec un scénario plus éthique qu’épique, plus philosophique que suspense, Alex + Ada fait entrer dans un monde très proche du nôtre, avec d’ailleurs de belles idées d’améliorations technologiques du quotidien (pas seulement des compagnons androïdes...). De quoi satisfaire les amateurs de robots et les adeptes des questionnements sur notre avenir en tant qu’homme.