Damer l’espion
Le 28 novembre 2007
Un banal film d’espionnage, transcendé par la composition impressionnante de Chris Cooper.


- Réalisateur : Billy Ray
- Acteurs : Ryan Phillippe, Laura Linney, Chris Cooper
- Genre : Espionnage
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h51mn
- Titre original : Breach
- Date de sortie : 28 novembre 2007
- Plus d'informations : Le site officiel

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Un banal film d’espionnage, transcendé par la composition impressionnante de Chris Cooper.
L’argument : Eric O’Neill est promu par le FBI dans le nouveau service de Robert Hanssen dédié à la protection des informations top secrètes du FBI.
Son enthousiasme vire rapidement à l’angoisse quand il découvre la vraie raison de son étonnante promotion : Robert Hanssen, suspecté de vendre à l’ex-URSS des informations majeures, fait l’objet d’une enquête.
Eric O’Neill va devoir utiliser la confiance grandissante de son chef pour révéler sa traîtrise.
Notre avis : De temps en temps, Hollywood aime bien appuyer là où ça fait mal, dans un élan masochiste salvateur qui permet de dévoiler la perfectibilité de certaines institutions américaines et endiguer ainsi les excès de patriotisme aveugle qui gangrènent la première puissance mondiale. En voici encore un exemple avec l’histoire vraie de cet agent du FBI, qui a abreuvé d’informations ultra-secrètes les Russes pendant plus de vingt ans. Il va se retrouver piégé par un jeune arriviste impatient de devenir enfin agent spécial. Voilà pour la trame, mince et classique, bien loin de l’ampleur narrative du récent et très réussi Raisons d état de Robert De Niro, film que l’on est obligé de comparer à celui de Billy Ray. Et, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Agent double n’en sort pas vainqueur. L’action est trop convenue, les effets de suspense sont dépassés et répétés faute d’idées originales, du genre : « oh mon Dieu, il faut vite que Ryan Phillippe arrête de fouiller le bureau de Chris Cooper parce qu’il est de retour plus tôt que prévu ! » ou bien « oh mon Dieu, il faut vite que Ryan Phillippe empêche Chris Cooper de prendre sa voiture pour aller au bureau parce qu’il est de retour plus tôt prévu ! ». Il n’y a pas non plus d’explication claire sur le comportement anti-patriotique du personnage de Cooper, ce qui peut être considéré comme un point positif puisque cela stimule l’imagination du spectateur, mais aussi comme un défaut puisque cela dénote un refus d’ausculter en profondeur les zones d’ombre du traître.
Bref, comme souvent, et cela commence à devenir lassant de le dire, l’intérêt majeur du film repose essentiellement sur la performance et l’affrontement des deux acteurs. Ryan Phillippe a pris de l’épaisseur, autant dans son jeu que physiquement, depuis Souviens-toi l’été dernier, et s’en sort très bien en candide partagé entre sa conscience viciée par l’admiration et son strict devoir. Quant à Chris Cooper, il est tout simplement énorme. Il s’agit sans doute de l’un des rares acteurs à savoir distiller une inquiétude terrifiante chez le spectateur. La peau parcheminée de son visage ainsi que ses yeux reptiliens inspirent une crainte qui sied parfaitement à ce personnage schizophrénique. Rien que pour cette performance, ce long-métrage, pourtant sans surprise, vaut le déplacement.