La machine infernale
Le 16 janvier 2011
Le complexe d’Oedipe revisité. Troublant et superbement interprété par le jeune Christopher Ruiz-Esperanza.
- Réalisateur : Diego Luna
- Acteurs : Christopher Ruiz-Esparza, Gerardo Ruiz-Esperanza, José Maria Yazpik
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain, Mexicain
- Date de sortie : 12 janvier 2011
- Festival : Festival de Cannes 2010
– Durée : 1h23min
Le complexe d’Oedipe revisité. Troublant et superbement interprété par le jeune Christopher Ruiz-Esperanza.
L’argument : Abel, 9 ans, ne parle plus depuis que son père a quitté la maison. Un beau jour il retrouve la parole, et se prend pour le chef de famille. Devant ce miracle, nul ne proteste. Jusqu’au jour où un homme sonne à la porte : son père.
Notre avis : Abel, personnage éponyme du premier long-métrage de Diego Luna, n’a pas tué son père et n’a pas couché avec sa mère, mais c’est tout comme. Depuis que son père est parti de la maison, laissant sa mère seule avec son frère et lui, le petit Abel prend sur ses épaules la responsabilité du patriarche de la maison. Sans désirer sa mère, il remplace coûte que coûte l’absent, allant jusqu’à s’exprimer comme un adulte qu’il n’est pas. Le transfert est donc quasiment complet. Jusqu’au jour où le paternel revient pour de bon. Qu’en est-il du petit garçon alors ? Comment savoir quelle est sa place dans la mesure où il n’a jamais occupé celle d’un enfant ? Les idées se troublent dans sa tête et il ne supporte pas d’être « remplacé ». Ce dangereux complexe d’Œdipe constitue la trame centrale d’Abel.
- © ARP Sélection
Dans la société mexicaine, la mère tient une place centrale dans la famille ; elle est particulièrement adorée et vénérée et c’est bien ce que nous montre Diego Luna des sentiments d’Abel envers celle qui l’a mise au monde. La douleur de voir son père partir est plus douloureuse encore pour lui parce que cela fait souffrir sa mère. Celle-ci ne semble d’ailleurs pas se rendre compte du trouble que vit son fils ; ne réagissant que lorsqu’il est trop tard et que, embarqué dans une psychose à la limite de la schizophrénie, il craque en ne reconnaissant plus son entourage. Une nouvelle fois encore, la famille est dissoute.
- © ARP Sélection
Pour incarner un enfant capable à la fois de froideur, de maturité et en même temps totalement infantile, Diego Luna se devait de faire le bon choix pour que l’histoire soit crédible. Grâce au talent de Christopher Ruiz-Esperanza, c’est chose faite. Il n’est d’ailleurs certainement pas anodin que le cinéaste ait choisi le propre frère de l’acteur pour jouer celui du personnage principal. Tout est affaire de famille dans Abel, décidément... Les deux enfants ont développé un jeu particulièrement juste. Le petit héros a le regard dur, ne pouvant jamais lâcher prise, comme si l’enfance ne l’avait jamais atteint. Son frère, son parfait opposé, est beaucoup plus instinctif. Un enfant, en somme. C’est cela qui fait la beauté d’Abel : la sensibilité à fleur de peau du cinéaste qui transparait à travers chaque personnage. Tous liés, tous uniques.
- © ARP Sélection
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Norman06 15 janvier 2011
Abel - La critique
Un bien joli conte. Sans doute le dernier quart d’heure gâche-t-il quelque peu l’harmonie générale par des métaphores un brin convenues sur la fuite en avant de l’enfant. Mais cette première réalisation est telle quelle prometteuse.