La nouvelle vague
Le 8 juillet 2021
- Plus d'informations : International Surf Film Festival d’Anglet
- Festival : International Surf Film Festival d’Anglet 2021
Événement unique en son genre, la 17e édition de l’International Surf Film Festival se déroulera à Anglet du 5 au 8 juillet. Rencontre avec Bruno Delaye créateur et directeur de l’événement.
Bruno Delaye, vous êtes fondateur et organisateur de l’International Surf film festival à Anglet, pensiez-vous il y a 17 ans que votre festival atteindrait bientôt sa majorité ?
Non pas du tout, déjà d’avoir réussi à faire une édition à deux chiffres ça me paraissait à l’époque incroyable, donc d’arriver quasiment à la majorité, c’est fou. Une aventure qui perdure ainsi c’est incroyable !
Quelle est la genèse et la singularité du festival ?
Je suis originaire de Toulouse et j’ai fait mes études dans cette ville. Depuis que je suis né mes parents, grands-parents viennent à Capbreton dans les Landes. J’avais des grands frères qui surfaient donc plus jeune j’ai pu aussi pratiquer le surf depuis mes 4 ans et j’en ai aujourd’hui plus de 50, c’est donc un sport qui compte beaucoup dans ma vie, à travers un passé de compétiteur jusqu’à l’âge de 18 ans et puis beaucoup de voyages qui ont forgé ma personnalité et mon plaisir de surfer. Le surf fait donc partie intégrante de ma vie.
Une autre de mes passions est le cinéma (et les images).
Enfant j’ai assisté à beaucoup de projections. Il y avait des réalisateurs qui faisaient le tour du monde avec leurs bobines et leurs films me faisaient énormément rêver.
Puis j’ai fait des études de droit et à partir de la licence, j’ai changé de voie en me dirigeant vers la communication pour préparer une maîtrise en sciences politiques et un DEA de droit de l’audiovisuel (j’ai écrit un mémoire consacré à la distribution cinématographique).
Étant passionné de cinéma cela m’a permis, entre autres, de me faire accréditer pour le Festival de Cannes en 1996 et là j’ai pris une énorme claque : j’y suis resté dix jours, j’ai vu beaucoup de films (j’en visionnais cinq par jour). J’ai toujours été un grand consommateur de films et je me suis dit que c’était fou qu’un festival de films n’existe pas dans le monde du surf alors que certains réalisateurs et auteurs passent parfois plusieurs mois ou plusieurs années pour réaliser et monter des films, il n’y a pas de reconnaissance professionnelle et artistique pour ces gens-là et la qualité de certaines de leurs productions n’est pas connue du grand public.
C’est donc à cette période qu’est née en moi l’envie de créer un festival dédié aux films de surf.
Puis, mon expérience dans l’audiovisuel (La Cinquième, Cannes, Paris Première) m’a conduit ensuite à être consultant pour la création de chaînes de télévision, à la fin des années 90 où l’on a assisté à l’explosion de nombreuses chaines thématiques.
L’idée de mettre en place un festival m’est revenue en 2003. J’ai préparé un dossier pour le proposer à trois communes : Capbreton-Hossegor, Biarritz et Saint-Jean-de-Luz. Le premier à avoir répondu et à être ultra réactif a été le maire de Saint-Jean-de-Luz qui m’a reçu le 26 décembre 2003 pour me dire qu’il était très partant sur l’idée de créer ce festival avec moi.
La première édition a eu lieu en juin 2004, cela fait donc maintenant 18 ans que ça dure !
(En sachant que l’an dernier nous avons fait une année blanche)
Nous sommes restés six ans à Saint-Jean-de-Luz, installés au Jai Alai. Je me remémore la fois où l’on a fait une très belle soirée dans la baie de Saint-Jean sur le peu de plage qu’il y avait. Nous avions projeté un soir deux films, c’était magnifique, pas un souffle d’air, un écran gonflable (comme à la Villette), un magnifique trois mats mouillait au milieu de la baie, c’était noir de monde ! Les visiteurs en gardent un souvenir impérissable mais comme le disait le maire de l’époque on ne peut pas continuer ainsi chaque année avec les coefficients qui varient, la plage qui est très étroite
On est arrivés à un moment (il y a 11 ans) où le maire de Saint-Jean-de-Luz m’a donc laissé partir élégamment vers Anglet.
Photo : K.Pierret-Delage
Quelle est la ligne directrice du festival ?
On pourrait rapprocher la programmation à celle de la sélection « Un certain regard » du Festival de Cannes. Ce ne sont pas forcément des films très marketés, avec l’exploit avant tout, ce sont plutôt des films indépendants qui racontent de vraies histoires, qui inspirent et où il y a un vrai effort d’écriture, qui donnent à réfléchir à la population qui surf aujourd’hui. La mode surf n’est plus à la mode, mais le surf lui-même n’a jamais autant été à la mode. Donc moi je me positionne en porte drapeau pour défendre cette culture, sa richesse et son histoire.
La rencontre, le partage, le respect sont les bases de la beach culture et ces notions que j’ai envie de diffuser durant ces quatre jours de festivités.
Je souhaite aussi que le festival reste simple, humble, organisé de manière professionnelle mais que tous les spectateurs puissent côtoyer tout le monde : les personnalités, les réalisateurs, les stars du surf, les membres du jury doivent être abordables par toutes et tous. L’essence même du festival reste le partage.
C’est donc aussi pour cela que cet un événement gratuit et en extérieur.
Existe-t-il d’autres festivals dans le monde de cette ampleur et avec cette thématique ?
Depuis que j’ai créé ce festival beaucoup se sont développés dans le monde entier, j’en ai aidé certains à se créer, que ce soit au Portugal, en Indonésie, en Allemagne, en Suisse, en France….aujourd’hui il y en a partout ! Le Surf Film Festival d’Anglet est le premier qui reste fidèle à son format. C’est-à-dire que moi j’ai pris l’exemple sur le Festival de Cannes, toutes proportions gardées, en me disant qu’il fallait créer une reconnaissance. C’est donc un mini Festival de Cannes consacré aux films de surf, depuis 2004 c’est ainsi et dans ce format là nous sommes à ce jour le plus ancien et le plus gros festival au monde.
Certains réalisateurs et films viennent des quatre coins du monde : du Japon, du Brésil, des États-Unis, d’Australie, d’Afrique du Sud…pour présenter leurs productions à Anglet.
Photo : K.Pierret-Delage
L’International Surf film festival c’est aussi une manifestation festive autour du surf avec des expos, des concerts…
Lors des précédentes éditions, j’ai proposé plein d’expositions, des concerts de musique, des soirées festives car entre 20h et 22h. Il y a un espace disponible pour ce genre de propositions, c’est une tranche horaire intéressante au niveau réceptif et festif.
Justement, avant la crise de la Covid, j’avais proposé à la mairie d’Anglet que le festival se délocalise en partie, sans lâcher le côté pieds dans l’eau, transats, pour investir le théâtre de Quintaou, dans lequel je voulais un peu infuser le festival à travers des conférences, de très belles expositions qui permettrait de mettre en valeur des collections de qualité (planches, photos, objets liés au surf….). Dans les années futures je veux tendre à donner encore plus une dimension culturelle forte et majeure à ce festival.
Cette année, en raison des mesures sanitaires (jauge de 1000 personnes) et du délai d’organisation nous proposerons tout de même des interludes avec de la musique électronique mais pas de grands concerts avec énormément de public debout. On restera donc dans une ambiance sonore avec un DJ qui proposera de la musique électronique. Cette année nous restons donc soft en raison du contexte !
Quel est l’ancrage local de l’international surf film festival d’Anglet ?
La côte basque étant aussi le berceau du surf en Europe cela fait sens que le festival prenne place en ce lieu.
Pour moi, la ville qui accueille le festival est le partenaire de référence. L’image du festival étant intimement lié au lieu dans lequel il se déroule. Que ce soit Saint -Jean de Luz auparavant ou Anglet aujourd’hui, c’est très important pour moi car la ville soutient fortement et financièrement l’événement, qui met à disposition des infrastructures, des moyens techniques et de l’argent. De-même le département des Pyrénées Atlantiques est à nos côtes depuis le début de cet événement.
Combien de films proposez-vous en compétition ?
Une grosse vingtaine. Il y a une sélection documentaire et une sélection court métrage. Il est arrivé aussi par le passé que nous présentions des fictions, qui méritent aussi amplement de concourir. Je peux vous citer par exemple deux films marquants, un américain et un australien : The Perfect Wave de Bruce MacDonald avec Scott Eastwood, et Drift, de Morgan O’Neill et Ben Nott avec Sam Worthington.
Photo : K.Pierret-Delage
Comment se déroule la sélection des films en compétition ?
Je sélectionne tout seul les films, je suis contacté tout au long de l’année par des réalisateurs et des producteurs qui me tiennent au courant de leurs productions et je reçois des films du monde entier. En 2021 j’en ai reçu une soixantaine et au final j’en conserve une vingtaine.
Je ne peux pas tous les conserver, car le festival ne dure que quatre jours et parfois les films ne sont pas de qualités, les projets sont différents et parfois il existe des redondances, je dois donc faire des choix. En revanche, je fais systématiquement un retour et donne une réponse car je connais la difficulté pour réaliser des films, je ne laisse jamais quelqu’un en souffrance. Je prends le temps de donner mon avis en justifiant mes choix que ce soit dans le bon sens ou dans le mauvais sens.
Bruno Delaye, quels sont vos critères de sélection ?
Ce qui fait un beau film de surf c’est avant tout, à la fois de belles images, une belle musique et le message qu’il fait passer, on doit ressentir un réel effort d’écriture et de construction.
Pour illustrer cela, je pense à un film en compétition : Havana Libre, de Corey Mc Lean, qui explique l’histoire du surf à Cuba, un sport qui a été interdit car les autorités avaient peur que les surfeurs fuient le régime. Les quelques surfeurs qui avaient une planche ou un morceau de polystyrène jouaient à cache cache avec la police en allant prendre quelques vagues, puis ils se sont battus pour créer une fédération cubaine, que les autorités ont finalement acceptées et reconnues comme discipline. C’est un très beau documentaire qui sera certainement sélectionné dans de nombreux festivals.
De quels horizons proviennent les membres du jury ?
Le panel du jury représente un peu toutes les différentes facettes de mon projet. Ça peut être, un surfeur, un musicien, un journaliste qui n’a jamais mis les pieds sur une planche de surf, un écrivain…l’idée générale étant d’avoir un lien et une sensibilité avec l’océan.
Cette année nous aurons par exemple Tiago Pires, surfeur professionnel, Koralie, artiste contemporaine, Elisa Routa, journaliste, Laurent Masurel, photographe…un panel donc très diversifié.
Combien de prix composent le festival et quelles récompenses reçoivent les lauréats ?
Sept prix seront décernés lors de la cérémonie de clôture. Sans les lister tous on peut évoquer, le prix du meilleur film, le prix de l’image, de la meilleure bande musicale, les coups de cœurs….
La récompense se présente sous la forme d’un trophée, vu notre budget limité nous n’avons pas les moyens financiers d’offrir des récompenses.
J’adorerais ! Mais dans cette aventure humaine, c’est avant tout la passion qui m’anime.
Rendez-vous le jeudi 8 juillet, en fin de soirée pour découvrir le palmarès !
International Surf Film Festival Anglet
Du 5 au 8 juillet 2021
à la Chambre d’Amour à Anglet (64600)
Trois sites de projections, du cinéma, du surf, un village des partenaires, des expositions et des concerts.
Gratuit
Galerie Photos
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