Le 20 octobre 2018
Si l’on n’est pas allergique au langage des banlieues, si on est sensible à l’abattage de jeunes comédiennes à la tchatche inépuisable et si on aime le scabreux, A genoux les gars peut séduire.


- Réalisateur : Antoine Desrosières
- Acteurs : Souad Arsane, Inas Chanti, Sidi Mejai
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Rezo Films
- Editeur vidéo : ESC Éditions
- Durée : 1h38mn
- Date de sortie : 20 juin 2018
- Festival : Festival de Cannes 2018

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– Sortie DVD : le 23 octobre 2018
Résumé : En l’absence de sa sœur Rim, que faisait Yasmina dans un parking avec Salim et Majid, leurs petits copains ? Si Rim ne sait rien, c’est parce que Yasmina fait tout pour qu’elle ne l’apprenne pas. Quoi donc ? L’inavouable… le pire… la honte XXL, le tout immortalisé par Salim dans une vidéo potentiellement très volatile.
Notre avis : Voici un film clivant, qui peut réjouir ou insupporter pour les mêmes raisons. Certes il traite de sujets actuels brûlants (le harcèlement, l’homophobie, la sexualité des adolescents nourris au porno, le conflit entre tradition et désirs), mais c’est sous l’angle de la comédie que Desrosières et ses deux actrices-scénaristes abordent cette histoire minimale, jouant sur quatre personnages principaux et très peu de seconds rôles. Ils misent énormément sur l’abattage des protagonistes et des répliques parfois très crues pour faire tenir ce film bricolé, davantage en tout cas que sur un scénario erratique et une réalisation des plus fades.
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On laissera de côté ce qui nous semble tenir du « message » : la réflexion y est tout de même très courte et la morale simpliste (au fond, l’humiliation de la femme ne peut se compenser par l’humiliation de l’homme), d’autant que les personnages masculins incarnent la bêtise à l’état pur et que rien ne semble pouvoir les sauver. Mais de leur bêtise découle aussi celle de certaines situations, notamment parking et aux toilettes, c’est à dire les deux moments où l’on essaie de contraindre à une fellation. On pourra juger ça hilarant ou dérangeant, ce qui serait bien ; d’autres, dont nous sommes, ont trouvé le temps long.
Mais l’essentiel du film, répétons-le, est ailleurs : dans la tchatche et la verdeur des deux héroïnes, dans ces dialogues semi-improvisés qui en font le sel. Ce sont des sortes de joutes verbales souvent sans sujets réels, propices à un déluge de langage « jeune » et à des numéros de cabotinage qui, là encore, diviseront. Si l’on y est sensible, le temps paraîtra court. Dans le cas contraire …
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Il est possible qu’A genoux les gars soit vu dans quelque temps comme un quasi document sociologique (d’autant que le film s’inspire d’un témoignage authentique) car le comportement et surtout le verbe des adolescents portent la marque de leur époque, de manière presque caricaturale. Sans doute une partie de la jeunesse contemporaine s’y retrouve-t-elle. Pour des spectateurs d’un autre âge et qui n’en sont pas la cible, le métrage montre surtout une grande vacuité, un désœuvrement dramatique, et une pauvreté ahurissante du vocabulaire. Pourtant, le contrepoint apporté par des chansons des années 60 tisse des liens entre les générations et semble prouver une belle continuité, à moins que ce ne soit ironique.
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Les suppléments :
Il y a bien une bande-annonce et un accès à des dossiers pédagogiques téléchargeables, mais ce sont surtout les sept épisodes de Yasmina et Rim, tournés par le même réalisateur et les mêmes acteurs, qui font le prix de ces bonus. Comme ils ont largement inspiré le film, les amateurs y retrouveront avec plaisir les personnages dans des sketchs cocasses et bavards (59mn).
L’image :
La copie retranscrit fidèlement une image à la définition imparfaite et aux couleurs fades. Le côté amateur saisi sur le vif en sort renforcé.
Le son :
la piste Dolby Digital 5.1 n’a rien d’une démonstration de puissance et de finesse. Mais là encore, telle n’était pas l’intention du cinéaste. Remarquons donc simplement que les dialogues, tellement importants, sont compréhensibles, et les passages musicaux convaincants.