Viens vite au fond de la piscine
Le 15 janvier 2008
Beau film, entier, périlleux, sur le fil, qui doit au jusqu’au-boutisme de Hazan et à la grâce magnétique de Hockney lui-même dépassé dans son excentricité.
- Réalisateur : Jack Hazan
- Acteur : David Hockney
- Genre : Documentaire, LGBTQIA+
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : Les Films du Camélia
- Durée : 1h46mn
- VOD : La Cinetek, Filmo, PremiereMax, Viva
- Reprise: 6 octobre 2021
- Date de sortie : 16 octobre 1974
– Année de production : 1973
Résumé : À travers un fascinant mélange de fiction et de documentaire, {A Bigger Splash} nous emmène dans l’univers du peintre anglais David Hockney et révèle les liens qu’entretiennent la vie et la création. Avec ses amis, jouant leur propres rôles, ils interprètent des scènes de la vie qui les ont concerné. Ou pas...
Critique : A Bigger Splash aurait pu s’appeler « peindre ou faire l’amour » s’il ne faisait pas référence au titre d’un tableau signé Hockney en 1967. On y découvre une personne (dont on ne voit ni le corps ni le visage) qui fait une « éclaboussure » en plongeant dans une piscine. Le film, né de la rupture entre David Hockney (artiste underground du Swinging London) et Peter Schlesinger (son modèle et amant de l’époque), est à l’image du tableau et ressemble à une bulle bleue qui nous invite à plonger dans les eaux troubles de la création pour en disséquer le passionnant mécanisme. Les films qui auscultent ce qui se trame dans le cerveau des artistes sont nombreux. Mais rares sont ceux qui épousent les obsessions, les désirs, les projections et les coups de spleen pour mieux nous les faire ressentir. Expérience picturale et sensuelle, A Bigger Splash appartient à cette catégorie d’œuvres hybrides, entre documentaire et fiction, qui réussissent à entretenir autant la légende que la réalité.
C’est surtout un film qu’on admire plus qu’on ne l’aime. Avec complicité et fascination, Hazan brosse le portrait de Hockney, peintre monomaniaque des piscines de Hollywood, entouré mais si seul, qui trouve de l’inspiration en exorcisant tous ses démons intérieurs. De manière instinctive, presque expérimentale, il montre comment une souffrance (en l’occurrence, une rupture affective) peut amener un créateur à se surpasser et réaliser l’œuvre de sa vie. En découlent des moments très troublants d’intimité, de contemplation béate, une fièvre des corps filmés au plus près, une odeur du chlore qui exhale des piscines. A Bigger Splash ne s’échappe jamais vraiment de l’esprit. On en conserve des images impressionnistes et des sensations abstraites. Sans doute parce qu’il saisit les tourbillons intérieurs qui sont la matrice d’une vie et d’une œuvre picturale, et nous rappelle au passage qu’être artiste contient autant de souffrance que d’hédonisme, d’autodestruction que de sexe, de remords que de désir. Sans atteindre la puissance d’Edvard Munch de Peter Watkins, qui reste certainement comme l’un des plus grands films sur la création artistique, cette réflexion sur l’art qui ne privilégie pas la bienséance au détriment de la vérité propose un voyage parfaitement exaltant. Mais elle nécessite que le spectateur laisse tous ses préjugés à l’entrée de la salle et se fonde sans arrière-pensée dans un monde à la fois étrange et séduisant.
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Norman06 22 avril 2009
A Bigger Splash - Jack Hazan - critique
Documentaire à voir pour l’étude de la culture gay. Les fans de peinture pourront aussi y trouver leur compte. En dépit de jolis jeunes hommes et d’une vision originale de l’artiste, l’ensemble pourra sembler hermétique.