Brûlons les infidèles !
Le 6 mars 2019
Ce mardi 5 mars, soit le lendemain de la première diffusion sur la Rai, OCS Max a diffusé les deux premiers épisodes du Nom de la Rose. Le moins qu’on puisse dire est que cette adaptation du roman d’Umberto Eco sous forme de mini-série ne rivalise pas avec celle qu’en avait fait Jean-Jacques Annaud il y a 33 ans.
- Réalisateur : Giacomo Battiato
- Acteurs : John Turturro, Rupert Everett, Damian Hardung, Michael Emerson
- Date télé : 6 mars 2019 00:00
- Chaîne : OCS
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Résumé : Italie, 1327. Une série de meurtres mystérieux au coeur d’une abbaye bénédictine sème le trouble dans cette région isolée du Nord des Alpes. Guillaume de Baskerville, assisté de son novice Adso Von Melk, témoins de ces atrocités, mènent l’enquête. Ils sont eux-mêmes traqués par Bernard Gui, homme de main impitoyable du Pape. Ce dernier n’a qu’un seul objectif : éliminer l’ordre de Saint François, dont Baskerville est membre.
Notre avis sur les deux premiers épisodes : Tout le monde, des deux côtés des Alpes et même au-delà, connaît Le Nom de la Rose, qu’il s’agisse du roman de Umberto Eco qui, dès sa sortie en 1980, s’est imposé comme un modèle de polar médiéval, ou l’adaptation cinématographique de Jean-Jacques Annaud en 1986 qui a connu le succès grâce, notamment, à son imagerie gothique. Aujourd’hui, trois ans après la mort de l’auteur (dont le dernier acte aurait été de céder ses droits à la télévision italienne), le livre est cette fois adapté sous un format de mini-série. La coproduction entre OCS Studios et la RAI a confié à Giacomo Battiato (un réalisateur méconnu en France) la réalisation des huit épisodes -et non pas sept, comme le nombre de chapitres du roman.
Or, justement, si les scénaristes ont eu besoin d’un peu plus de temps, ce fut notamment pour introduire les nombreux enjeux qu’implique le contexte historique explosif dans lequel l’enquête s’installe. Un petit rappel des deux plus gros contrariétés qui agitaient alors la papauté, à savoir le schisme décrété par l’Empereur Louis IV (que la série présente via une bataille épique... les historiens jugeront) et l’opposition théologique menée par les Franciscains autour de la question délicate de la pauvreté du Christ, est ainsi condensé dans les premières minutes de l’épisode pilote. Pour cela, tous les effets de facilité sont sollicités : un carton d’ouverture didactique, une voix-off explicative ou même un montage anti-chronologique des souvenirs que les personnages principaux gardent de leur rencontre. Mais, davantage que cette introduction lourdaude, un élément devrait sauter aux yeux –ou plutôt aux oreilles– de bon nombre de spectateurs : dans cette relecture, par une coproduction franco-italienne, de l’Europe du XIVe siècle, tout le monde parle anglais.
- spip-bandeau
- copyright 11 Marzo Film Palomar Rai Fiction (co-production) Tele München Group (TMG) OCS Originals
Une fois l’enquête démarrée, la narration va tout naturellement se concentrer sur le duo de détectives mandaté par le pape dans une abbaye au fin-fond, que le réalisateur lui-même compare à l’hôtel Overlook de Shining. Bien que le narrateur (dont la voix-off est néanmoins vite passée sous silence) soit le jeune apprenti incarné par l’Allemand Damien Hardung, c’est sans surprise l’ancien inquisiteur, incarné par John Turturro, que la série place au centre de l’intrigue. Guillaume de Baskerville, qui est d’ailleurs le seul personnage dont on puisse accepter qu’il soit anglophone, est présenté par deux caractéristiques : sa foi chrétienne infaillible et son talent de déduction qui fait de lui un parfait avatar de Sherlock Holmes. Ce parallèle n’a rien d’anodin puisque le seul nom de Baskerville est ouvertement un clin d’œil fait par Eco aux romans de Conan Doyle, mais la façon dont il est utilisé par Battiato semble être une facilité de plus.
- copyright OCS Originals 11 Marzo Film Palomar Rai Fiction (co-production) Tele München Group (TMG)
En se concentrant sur l’enquête autour des meurtres qui vont peu à peu s’accumuler, le scénario semble s’éloigner des enjeux historiques qu’il a péniblement condensés dans son premier quart d’heure. L’interprétation inexpressive de Rupert Everett dans la peau de l’inquisiteur Bernardo Gui (qui semble d’ailleurs en parfaite opposition avec le surjeu de Michael Emerson qui incarne l’abbé) ne laisse aucun doute sur le manque de subtilité dans le manichéisme des prochains épisodes. Les deux premiers ne prenant pas le temps d’approfondir ses personnages, tandis que le chef opérateur ne met pas en avant le caractère oppressant du décor –comme le faisait Tonino Delli Colli dans le film–, c’est finalement l’introduction des personnages féminins qui paraît être l’unique apport de cette nouvelle adaptation. Espérons que la suite saura mieux exploiter l’énorme potentiel du roman.
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