Second life
Le 12 mai 2010
Cyberdémocratie et pouvoir ambivalent d’Internet : des promesses ambitieuses mais mal remplies par un thriller brouillon et répétitif, qui en dépit de quelques bonnes idées manque de consistance.
- Réalisateurs : Jean Mach - Nicolas Alberny
- Acteurs : Matthew Géczy, Alain Azerot, Robert William Bradford
- Genre : Thriller
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 12 mai 2010
- Plus d'informations : Le site officiel du film
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– Durée : 1h34mn
Cyberdémocratie et pouvoir ambivalent d’Internet : des promesses ambitieuses mais mal remplies par un thriller brouillon et répétitif, qui en dépit de quelques bonnes idées manque de consistance.
L’argument : Des millions de personnes disséminées de par le monde et déçues de la manière dont celui-ci évolue décident de s’unir. Toutes guidées par le même désir d’améliorer les choses, de ne plus subir l’actualité sans pouvoir réagir. Par le biais d’Internet, elles créent le premier Pays virtuel : 8th Wonderland. Chaque semaine, tous ses habitants votent par référendum une motion différente... Mais que se passerait-il si les motions de 8th Wonderland devenaient petit à petit plus réactionnaires ? Si sa manière d’agir se rapprochait lentement mais sûrement d’un comportement terroriste ? Un problème insoluble se poserait alors à l’ensemble des Nations.
Comment combattre un pays qui n’existe pas ?
Notre avis : D’ordinaire, on nous parle plutôt des mondes virtuels pour en pointer les menaces et les dérives : surveillance généralisée, addictions fatales, déshumanisation des rapports sociaux... 8th wonderland démarre au contraire sur la voie d’une vision utopiste d’Internet : et si de vrais citoyens, forts d’un cosmopolitisme actif et effectif, s’unissaient pour changer le monde de leurs propres mains - et depuis leurs propres claviers, à coups de motions et de votes démocratiques ? Idée alléchante, surtout en termes scénaristiques, pour un thriller politique entre réel et langage binaire. Le script de 8th wonderland explore d’ailleurs plusieurs possibilités, oscillant entre ton tragique et canular mondialisé, avec des dialogues assez bien taillés qui prêtent souvent à sourire. Le film démarre comme un manuel corrosif à l’usage des sarcastiques pragmatiques prêts à risquer leur identité ou leur carrière pour un coup d’éclat (imprimer des « bibles Darwin » illustrant l’évolution de Dieu de la bactérie jusqu’au bipède, faire capoter un projet de coopération nucléaire entre deux pays en jouant les interprètes défectueux...). Pourtant, l’ensemble peine à trouver un enjeu dramatique suffisamment solide pour conserver intact l’intérêt premier, et on se retrouve bientôt à voir défiler avec indifférence une juxtaposition d’épisodes portés par une pléthore de personnages qui sont tous réduits à quelques grands traits caricaturaux brossés à la va-vite. Par un curieux renversement, toute cette collection de protagonistes étouffe toute opportunité d’embrayer le récit sur d’autres sous-intrigues, tout en coinçant l’histoire principale dans le piège de la généralité.
- © Mad Films
A force de vouloir tout faire - réalisation, scénario, dialogues, montage, musique... -, Jean Mach et Nicolas Alberny en font surtout trop. La mise en scène s’enferme dans un dispositif schématique et répétitif, qui perd la force qu’il pouvait encore avoir dans les premières séquences : les images virtuelles du salon de « chat » du pays virtuel 8th wonderland alternent inlassablement avec de fausses informations télévisées, dont la portée et la puissance de conviction sont passablement faibles. Ainsi, cette critique latente de l’ère des médias - pas inintéressante en elle-même - s’essouffle, en manquant constamment l’objet qu’elle cherche à dénoncer ; et ce n’est pas le discours d’une utopie bon marché et déchargée de toute réelle conscience politique, survolant paradoxalement les mêmes banalités que celles véhiculées par les médias en question, qui réussit à contrebalancer cette faiblesse. Trop sage pour jouer pleinement la carte du ludique, trop sur la tangente pour atteindre sa cible au cœur, 8th wonderland est comme un programme électoral alléchant mais où les actes ne remplissent pas les promesses, et restent toujours dans un « politiquement correct » bienveillant, mais peu efficace.
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