Ciel et enfer
Le 13 octobre 2009
Une incursion troublante dans le retour à la vie d’une rescapée d’attentat, mais dont le rythme peine à trouver ses marques véritables et se réfugie dans un excès de froideur.
- Réalisateur : Omri Givon
- Acteurs : Reymonde Amsellem, Eldad Prives, Nadav Nates
- Genre : Drame
- Nationalité : Israélien
- Date de sortie : 14 octobre 2009
- Plus d'informations : Le site du distributeur
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– Durée : 1h34mn
– Titre original : Sheva Dakot Began Eden
Une incursion troublante dans le retour à la vie d’une rescapée d’attentat, mais dont le rythme peine à trouver ses marques véritables et se réfugie dans un excès de froideur.
L’argument : "On dit que, lorsque les âmes ne sont pas prêtes, 7 minutes leurs sont accordées pour décider de revenir à la vie."
Galia, une jeune femme de 27 ans blessée dans l’attentat d’un bus à Jérusalem, se met à rechercher l’homme qui lui a sauvé la vie.
Un voyage qui va lui révéler une vérité insoupçonnable.
Notre avis : Le paradis ? C’est en réalité dans l’enfer banal de la guerre de terreur que nous plonge ce long-métrage israélien dont l’action se déroule à Jérusalem. Le paradoxe ? Évacuer de ce contexte narratif tout slogan politique, dans une épure telle que durant toute la première partie, le mot même d’ « attentat » semble vécu comme un tabou. Le film se met au défi de tournoyer de façon vertigineuse et humaine autour de ce trou noir creusé par la folie même des hommes. Reste à savoir comment Omri Givon se propose de faire parler ce silence central et qui pèse sur les moindres faits, gestes et dits de son héroïne. Là encore, le choix est assumé du côté du minimalisme : Galia, interprétée par la troublante Reymonde Amsellem, refuse les bons sentiments aussi bien que les confessions post-traumatiques larmoyantes. Pourtant, à force de non-dits et de retours proclamés à l’éloquence du regard et d’une vérité non verbale, le spectateur finit par s’égarer, sans réellement parvenir à accompagner tout le long de son chemin la quête intérieure - en forme de « convalescence » psychologique - de la rescapée. C’est là toute la frontière délicate entre la distance et la froideur, que le scénario et la mise en scène franchissent parfois un peu trop hardiment, au détriment d’une émotion qu’ils s’efforcent dans le même temps de recueillir dans son état le plus brut. La rareté des dialogues même n’abolit pas un ton par moments démonstratif, comme lorsque Galia « revit » presque littéralement dans un montage parallèle pataud l’attaque terroriste qui a coûté la vie à son petit ami.
Dès lors, 7 minutes au paradis tire ses élans les plus puissants de thèmes qui émergent de cette nébuleuse traumatique du personnage pour replonger le plus souvent aussitôt en une sourdine douloureusement et silencieusement présente. Ainsi, Omri Givon saisit tout à la fois avec finesse et horreur le rapport d’étrangeté qu’entretient la miraculée avec son corps brûlé à la manière d’un « steak » (l’image est utilisée par le personnage), et qui se met à porter les stigmates de toutes les angoisses de l’âme, comme dans une séquence particulièrement intense où Galia, bouleversée par une découverte qu’elle vient de faire sur l’attentat, se gratte frénétiquement le dos avec une cuiller en bois à travers sa combinaison de protection. La possibilité du désir, de la sexualité, après un tel choc physique et mental, est également esquissée en des tons violents et amers, qui forgent les liens les plus distincts que le spectateur puisse avoir avec l’héroïne. Ces 7 minutes au paradis, si elles proposent donc avec humilité et sincérité une exploration des zones grises de la vie et de la mort, pour réaffirmer la beauté du « vivre », ne nous poussent malheureusement pas aussi loin dans l’aventure que l’énigmatique Galia, dont le parcours ressemble à celui d’un ange aux ailes trop vite calcinées et réduites en cendres.
- © Zootrope Films
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