Le 21 janvier 2024
Un premier long métrage attachant qui a le mérite de la concision et de la sobriété, traitant sans esbroufe son sujet sociétal.
- Réalisateur : Vuk Lungulov-Klotz
- Acteurs : Alejandro Goic, Lio Mehiel, Cole Doman, MiMi Ryder, Jari Jones
- Genre : Drame, LGBTQIA+
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Dulac Distribution
- Editeur vidéo : Blaq Out
- Durée : 1h22mn
- Titre original : Mutt
- Date de sortie : 9 août 2023
- Festival : Festival de Berlin 2023
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– Sortie DVD : 20 février 2024
Résumé : Feña est un jeune homme trans qui mène une existence trépidante à New York. Au cours d’une seule journée, son père chilien, son ex-petit ami et sa demi-sœur de treize ans refont surface dans sa vie. Ayant perdu le contact avec eux depuis sa transition, Feña va devoir réinventer ces anciennes relations, tout en gérant les défis quotidiens liés à sa nouvelle identité.
Critique : Réalisateur serbo-chilien né dans l’État de New York, Vuk Lungulov-Klotz signe avec ce film son premier long métrage. 24 heures à New York a été récompensé à la Berlinale (Special Mention of the Generation 14plus International Jury) et au Festival de Seattle (New American Cinema Competition). Le récit est ouvertement autobiographique, le cinéaste, lui-même transgenre, ayant connu le même parcours que son protagoniste, et des problèmes similaires. Misant sur l’unité de temps, le réalisateur permet au spectateur de connaître une promiscuité avec le personnage, dont on suit le quotidien, sur vingt-quatre heures, mouvementées, certes, mais sans enjeu narratif final réel, contrairement à une œuvre comme Cléo de 5 à 7. Ici, point de suspense médical ou de dénouement attendu. Pas non plus de déambulations ou de digressions, l’histoire se concentrant sur les relations entre Feña et trois de ses proches, à savoir son ex-petit ami, sa jeune sœur entrée dans l’adolescence, et son père. Rencontres fortuites ou prévues, avec une inquiétude pour le jeune homme : comment gérer la réaction de son entourage, et son propre ressenti émotionnel ?
- © 2023 Strange Animal Entertainment, Lucky 13 Productions, Spark Features / Dulac Distribution. Tous droits réservés.
Le cinéaste a souhaité faire œuvre de pédagogie avec ce film indépendant modeste, révélant au public les questions à ne pas poser à un trans, ou les phrases déplacées que l’on peut estimer discriminatoires, en dépit de la bonne foi que manifestent les pairs. C’est là l’intérêt du film, qui s’inscrit par sa thématique dans la lignée de productions diverses, de Boys Don’t Cry de Kimberly Peirce à A Good Man de Marie-Castille Mention-Schaar, en passant par Girl de Lukas Dhont. L’univers de 24 heures à New York rappelle en outre celui d’autres cinéastes ayant naguère dépeint des êtres en marge, tels Scott Silver dans Johns ou Amos Kollek avec Sue perdue dans Manhattan. Si le film de Vuk Lungulov-Klotz frappe par sa sincérité et sa concision (quatre-vingt-deux minutes), il bénéficie de quelques scènes réellement touchantes (les retrouvailles avec John dans la laverie) et de l’interprétation remarquable de Lio Mehiel, lui-même transgenre.
- © 2023 Strange Animal Entertainment, Lucky 13 Productions, Spark Features / Dulac Distribution. Tous droits réservés.
Pour autant, on ne souscrira pas aux propos de l’auteur, qui déclare dans Télérama : « Il est fondamental qu’un personnage trans soit incarné par un acteur trans » : faut-il également interdire l’accès des comédiens gays à des rôles d’hétéros et celui des actrices hétérosexuelles à des personnages de lesbiennes ? Veillons à ce que l’indispensable évolution des mœurs et des mentalités ne se transforme pas en un nouveau dogmatisme artistique et culturel, et gardons confiance en la liberté de choix des créateurs (cinéastes, metteurs en scène de théâtre, interprètes...). On regrettera aussi des maladresses dans la caractérisation des personnages (le revirement soudain du père en quelques heures), qui contraste avec la subtilité psychologique de l’ensemble. Tel quel, 24 heures à New York est un long métrage prometteur, malgré les réserves formulées, et l’on attend avec intérêt le second film de son auteur.
Laurent Cambon
Le test DVD
L’image. Format 16/9. Pas de défaut visuel dans l’édition DVD. Des séquences d’intérieur (discothèque, appartements) aux passages filmés dans les rues de New York, le film doit aussi à ses techniciens artistes, à savoir le directeur photo Matthew Pothier, la cheffe décoratrice Alanna Murray et la cheffe costumière Elena Lark.
Le son
Dolby Digital 5.1. Son stéréo. Le DVD est proposé en langue originale anglaise avec sous-titres français. Pas de version française, mais celle-ci aurait été inutile pour le public ciblé. Bon rendu du travail de l’ingénieur du son Ash Knowlton dont c’est également le premier long métrage.
Les suppléments
Aucun bonus n’est proposé par Blaq Out sur le DVD que nous avons visionné.
Gérard Crespo
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