Zouzou - la critique + le test DVD

Une comédie décevante malgré de louables intentions.

L’argument : Une grande maison à la campagne. Solange, la soixantaine, ses 3 filles Agathe, Marie et Lucie, et sa petite fille de 14 ans, Zouzou, s’y retrouvent pour quelques jours. L’occasion pour Solange de leur annoncer une grande nouvelle : elle a un homme dans sa vie. Depuis le temps ! Alors la sexualité on en parle ? Ou c’est comme la politique, on dit rien ?

Notre avis : Blandine Lenoir, dans un bonus du DVD, parle de sa volonté de traiter un sujet rarement abordé au cinéma, l’éducation sexuelle, surtout dans une époque qui voit poindre le retour à l’ordre moral. Il n’est évidemment pas question de mettre en doute sa bonne foi, et la comédie semble le genre approprié pour éviter la lourdeur du propos. Voilà donc pour les intentions. Et puis il y a le film, dans lequel trois générations féminines se confrontent à leur vision de la sexualité : Marie, mariée et mère de famille, Agathe, larguée par son mari (et dont la fille, Zouzou, est le point de départ narratif), Lucie, institutrice libérée et la mère, qui redécouvre l’amour. Quatre personnages, donc, qui flirtent constamment avec les clichés quand ils ne s’y vautrent pas. À cet égard les rôles sont inégaux : si celui de la mère est assez fort, les autres hésitent entre légèreté (la leçon sur le clitoris) et caricature ( de nombreuses séquences hélas).

© Happiness Distribution
Le film hésite constamment entre divers tons et diverses pistes, ce qui aurait pu être un signe d’originalité, mais qui aboutit surtout à un ensemble hétéroclite et foncièrement bancal. Les types de comique, par exemple, vont de l’effet déjà mille fois vu (le prénom de Jean-Claude, constamment confondu), à la scène hilarante (l’explication de ce qu’est un paysagiste-urbaniste), en passant par des essais surréalistes (les sous-titres pendant que les sœurs se brossent les dents). Mais beaucoup de répliques tombent à plat, de même que des moments de pur cabotinage. Quant au cliché de la vedette névrosée ...

© Happiness Distribution
On enrage que des dialogues bien écrits et constamment justes aboutissent à tant de bavardages, dans des situations artificielles, voir la dispute entre les deux sœurs dans un bar, aussi plate que dépourvu d’enjeu. On enrage aussi de voir tant de séquences filmées à la manière d’une ancienne dramatique télévisée. On enrage enfin que, sur un sujet qui aurait pu être transgressif, on aboutisse à une conclusion lénifiante : au fond rien ne vaut la famille et l’amour.

Les suppléments :

La richesse du DVD est réjouissante. Dans un entretien passionnant, la réalisatrice évoque en 11 minutes ses intentions, le tournage et divers aspects comme le choix du titre. Suivent trois courts-métrages : Dans tes rêves (2004, 16mn) est une matrice de Zouzou, qui suit les conversations privées de trois serveuses en pause. Rosa (2005, 23mn) brosse avec finesse le quotidien d’une mère débordée qui veut faire garder sa fille. Enfin, et surtout, Monsieur l’abbé (2010, 35mn) est la remarquable mise en scène (ou en paroles) de lettre adressées dans les années 30 à l’abbé Viollet par des personnes ayant des problèmes privées, et essentiellement sexuelles. Face caméra, des acteurs disent les textes et nous replongent dans un monde disparu, plus proche du dix-neuvième siècle que de nous. La dernière intervention, attaque frontale de la religion, traduit une révolte puissamment émouvante.

L’image :

Le rendu et la luminosité sont éclatants, conformes au standard actuel du DVD.

Le son :

On n’attend rien de spectaculaire, évidemment, mais les deux pistes Dolby Digital (2.0 et 5 .1) mettent en valeur les voix et toutes les nuances des dialogues.