Z Nation saison 3 - la critique + le test Blu-ray

Notre avis : Z Nation se veut le concurrent direct de The walking dead, en plus gore et plus bourrin ; c’est au moins réussi sur ce plan, l’action règne en maître et on ne subira pas de questionnements métaphysiques ou de tergiversations morales. C’est au fond l’opposition entre série de sentiments et série de sensation. Rien que du brut ici, voire du brutal, et cette troisième saison ne dévie pas de la ligne générale.

© Frank Schaefer/Go2 Z/Syfy

Quoi de neuf, alors ? Toujours pas de psychologie, les personnages n’évoluent pas, blocs monolithiques que rien ne transforme. Murphy, l’ « hybride », prend un peu plus de confiance en lui et tente une aventure parallèle, mais l’arc scénaristique est tellement lâche que les auteurs se consacrent surtout à des rencontres successives de seconds couteaux qui, bien sûr, meurent ou disparaissent en fin d’épisodes (voire avant). Ces rencontres font le sel de la série, par leur côté déjanté : dans le premier épisode, un enfant sauvage tout droit sorti de Mad Max 2 a été élevé par des corbeaux ! Puis c’est une avalanche de personnages délirants : un faux Trump hilarant, des zombies recouverts de strass, trois cannibales-nymphomanes, des « zerniers », « krakken » … Autant de moments de grand n’importe quoi plutôt jouissifs.

© Frank Schaefer/Go2 Z/Syfy

On pourrait à l’envi faire la liste des défauts de Z Nation : simplisme des situations et des résolutions, dialogues qui semblent improvisés au fur et à mesure, second degré parfois consternant, humour foireux, mise en scène tape à l’œil avec ralentis, montage frénétique, poses « viriles »…
Mais au fond, ce qu’on préfère dans cet amas de caricatures, c’est justement le mauvais goût assumé, l’absence de limites et, in fine, le rejet total des bienséances : l’érection de Simon, le receveur fou, les zombis troués, morcelés, le baiser donné à une contaminée, le coussin péteur, un cerveau mangé à même le crâne, tout participe d’un joyeux fourre-tout vulgaire et gras. Malgré ses grandes incohérences, la série parvient à créer un univers foutraque et mal-pensant, reflet d’un désarroi bien réel : si l’on voulait aller plus loin, et il n’est pas certain que les scénaristes en soient inconscients, elle décrit notre monde en panne de repères, violent, chacun luttant âprement, et des multinationales prêtes à tout (la fameuse « zona ») qui dirigent les opérations. Pas le temps d’y réfléchir vraiment tant les situations s’enchaînent à un rythme frénétique, même si tel épisode (les 6 et 14, en particulier, fondés sur une course lassante) souffre d’une baisse de régime.

© Frank Schaefer/Go2 Z/Syfy

On s’amusera beaucoup de l’amoncellement de références, du clin d’œil à la citation : que ce soit la ville peinte en rouge comme dans L’homme des hautes plaines, le surgissement incongru des personnages de Retour vers le futur ou les nombreux dialogues qui évoquent Spartacus ou Maman j’ai raté l’avion. Certains hommages sont plus stylistiques, voir les gros plans sur les yeux à la Leone. Il faut prendre ce mélange pour ce qu’il est, un jeu plaisant et superficiel, c’est à dire un message envoyé à des téléspectateurs nourris de cinéma.
On n’est certes pas dans les grandes séries prestigieuses, plutôt dans un équivalent du cinéma bis, et ce qu’il peut comporter de subversif dans son meilleur. Avec les moyens du bord, une imagination débordante, les auteurs parviennent à livrer un produit bizarre qui procure un plaisir évidemment coupable ; la saison 3 s’achevant sur un cliffhanger de taille, on est curieux de savoir ce que les scénaristes vont inventer, et s’ils peuvent encore pousser le bouchon. Les paris sont ouverts.

Les suppléments :
Outre le teaser, trois courts modules promotionnels (très courts et très promotionnels) figurent sur la dernière galette : un montage de bagarres avec le compte des morts (La chasse est ouverte, 1mn) ; un making-of banal (4mn) et un zoom sur les maquilleurs qui n’apprendra pas grand-chose (3mn).

L’image :
Le Blu-ray retranscrit à merveille une esthétique assez pauvre, avec un degré de précision remarquable ; rien ne nous échappera du grain de la peau au jaillissements de sang.

Le son :
Pour cette série riche en effets sonores, les deux pistes 5.1 en mettent plein les oreilles, tout en restituant les dialogues sans faille. La version française est un peu en deçà, avec ses voix légèrement étouffées.