Le dernier samouraï
Le 20 avril 2011
Unique film de Mishima, Yûkoku est un court-métrage intrigant où se mêlent beauté stylistique et fascination pour la mort.
- Réalisateur : Yukio Mishima
- Acteurs : Yukio Mishima, Yoshiko Tsuruoka
- Genre : Court métrage, Expérimental, Film muet
- Nationalité : Japonais
- Editeur vidéo : Éditions Montparnasse
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
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– Durée : 28mn
– Titre original : Yûkoku
Unique film de Mishima, Yûkoku est un court-métrage intrigant où se mêlent beauté stylistique et fascination pour la mort.
L’argument : Dernier jour du Lieutenant Shinji Takeyama et de son épouse Reiko. N’ayant pu participer au coup d’état du 26 février 1936 mené à Tokyo par des officiers, le lieutenant se considéra déshonoré, et décida alors de se faire harakiri.
Notre avis : Yûkoku de Mishima est un film à l’histoire mouvementée - il fut longtemps disparu -, dont la survie ne tient à rien : alors qu’on croyait toutes les copies détruites, l’une d’elle fut miraculeusement retrouvée en 2005, rangée dans une boîte à thé dans l’une des anciennes propriétés de l’écrivain.
Mishima joue ici sur l’ambigüité du propos. Difficile de ne pas voir la fascination que provoque sur lui le Japon ancestral et ses codes d’honneur. Difficile aussi d’occulter l’écho que trouve le film dans la réalité, Mishima se suicidant par éventrement quatre ans après le tournage de Yûkoku, reproduisant le hara-kiri du lieutenant Takeyama. Pourtant, dans le documentaire complétant le DVD, Mishima affirme sa volonté de créer une œuvre exclusivement artistique, en rejetant la dimension politique. Et il est vrai que, au-delà de son histoire, Yûkoku reste avant tout une expérience visuelle émouvante, un poème éprouvant que Mishima déroule lentement. L’inspiration revendiquée du théâtre Nô, notamment dans la gestuelle stylisée des personnages, définit clairement l’objectif majeur du film : toucher au sublime et à la pureté. Au-delà de son découpage en actes, l’expérience est un véritable prolongement du théâtre jusque dans sa mise en scène : la caméra adopte quasi-systématiquement le point de vue d’un spectateur fictif, et les rares éléments de décor permettent de créer un imaginaire plus large sans le donner complètement à voir.
L’épure est donc ici quasi-totale, le cadre réduit à sa plus simple expression. Et le résultat est immédiat, permettant d’obtenir du spectateur une attention quasi-exclusive pour les personnages. C’est cette importance donnée à chaque geste qui provoque le choc, renvoyant dos à dos les deux moitiés du film : la beauté de l’acte amoureux magnifié par la caméra et la violence du suicide.
A ce titre, la séquence de l’éventrement du lieutenant Takeyama, par sa crudité, provoque un sentiment étrange de répulsion mêlée de fascination, et contient à elle seule toute la beauté de cette œuvre étrange. Car c’est bien là tout le talent de Mishima que de donner à voir le suicide dans sa vérité la plus nue, et d’insister sur le pouvoir esthétique de l’horreur.
Le DVD
Une belle édition aux compléments passionnants.
Les suppléments
Trois suppléments ici. D’abord et avant tout un entretien de neuf minutes avec Mishima, document exceptionnel apportant un nouvel éclairage sur le film, mené en 1966 par Jean-Claude Courdy. Réalisé quelques semaines avant le tournage de Yûkoku, on y découvre un personnage complexe, solitaire, assumant ses contradictions. Le petit livret illustré offre un éclairage historique sur ce moyen métrage, ainsi qu’une analyse intéressante. Enfin, le coffret contient un Folio, reprenant quelques nouvelles de Mishima issues d’un plus large recueil (La mort en été), et notamment Patriotisme, dont Yûkoku est l’adaptation.
Image & son
Si le contraste est parfois un peu terne, jouant plus sur les teintes de gris que sur les contrastes ombres/lumières, l’image est tout de même bien restaurée et très correcte. La piste Dolby Digital mono est dans l’ensemble de bonne qualité. Difficile de demander mieux au vue de l’histoire mouvementée du film.
Galerie Photos
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