Le 29 octobre 2019
Un film dont l’originalité vient du fait qu’il met en rapport et en miroir la transidentité et le militarisme américain.
- Réalisateur : Tim Travers Hawkins
- Genre : Documentaire, LGBTQIA+
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : Septième Factory
- Durée : 1h32mn
- Date de sortie : 30 octobre 2019
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Résumé : En 2010, le soldat Manning divulgue à Wikileaks des documents sur les bavures de l’armée américaine en Irak, en Afghanistan et l’espionnage de la diplomatie mondiale, déclenchant un scandale international. Condamné à 35 ans de prison pour trahison, Manning voit sa peine commuée à 7 ans à la fin de l’administration Obama. A sa libération Chelsea Manning a accompli sa transformation en femme, devenant une activiste pour les droits humains. Un portrait intime et émouvant d’une personnalité hors norme toujours au coeur de l’actualité avec sa nouvelle incarcération en 2019, à l’occasion de l’arrestation du fondateur de Wikileaks.
Notre avis : En 2010, un jeune militaire, Bradley Manning, transfert à WikiLeaks des documents classés secret défense par l’armée américaine, notamment des vidéos montrant des soldats exécutant des civils, autrement dit des innocents, durant la guerre d’Afghanistan. Un désir de transparence nécessaire vis-à-vis des citoyens américains et afghans. À l’été 2010, Bradley Manning est incarcéré pour la première fois face aux différents chefs d’inculpation requis contre lui : violation du règlement militaire, transmission d’informations relatives à la sécurité nationale à une source non autorisée…
Placé en isolement maximal, que certains de ses défenseurs qualifient de torture psychologique violant la Constitution des États-Unis, Manning fait plusieurs tentatives de suicide avant que l’armée ne lui permette d’effectuer sa chirurgie de réattribution sexuelle. Sept ans après sa mise en détention, l’administration Obama accorde la grâce à Chelsea Manning, rendant possible sa libération en 2017.
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Le documentaire de Tim Travers Hawkins ne se veut pas un banal déroulé des tenants et aboutissants de cette affaire capitale, à l’heure où les citoyens du monde entier réclament toujours plus de transparence à leurs gouvernements. Il s’agit ici de s’attacher à l’héroïne du film, de lui coller cinématographiquement à la peau, au corps, à grands renforts de gros plans sur le visage, les mains. Le réalisateur sait restituer à l’écran cette sensation de liberté retrouvée, en parallèle de la douleur éprouvée par la stigmatisation. Ce n’est pas un hasard si les premières minutes de film suivant sa libération montrent Chelsea en pleine nature, écoutant le bruit de l’eau qui s’écoule et se rappelant pourtant ses pénibles années de prison.
La liberté est un thème central de XY Chelsea : ce n’est pas seulement le thème de la liberté et de l’intégrité individuelles qui y est traité, mais aussi ceux de la liberté et de l’intégrité physique, le droit de disposer de son corps, de vivre le sexe et le genre que l’on veut ; il y a aussi la liberté d’expression, notion fondamentale aux États-Unis.
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Par ailleurs, le long métrage met en miroir la carrière militaire de Manning avec son identité de genre. En effet, Chelsea affirme être entrée dans les armes pour apprendre la virilité, affirmant par ailleurs qu’il existe nombre de transgenres parmi les soldats américains. Finalement, les vieux démons de l’enfer carcéral et les propres incertitudes de la jeune transsexuelle concernant sa nouvelle vie de femme, semblent résonner en chœur. La prison est pourtant synonyme d’enfermement, quand le transsexualisme de Manning apparaît comme le synonyme d’une liberté retrouvée. C’est à la fois très troublant et très beau.
Et même si la mise en scène est alourdie par les images militaires et les mails échangés avec WikiLeaks, XY Chelsea reste un très joli documentaire, consciencieux et en phase avec son temps.
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