Wonderland - la critique du film

Notre avis : Unissant leurs talents, dix jeunes réalisateurs de la Suisse Alémanique et de la Suisse Romande font un point « politiquement incorrect » sur la situation de la Confédération helvétique d’aujourd’hui, longtemps reconnue comme l’un des états les plus riches et sécurisants du monde, mais qui n’échappe désormais plus aux dérives (nationalisme, racisme, homophobie) du monde occidental.

Copyright Arsenal Filmverlieh

La scène d’ouverture nous présente un paysage automnal. Dans une nature sereine, l’eau ruisselle le long des rochers. Une vision de carte postale d’un pays à l’harmonie et à la stabilité réputées incontestables. Un nuage apparaît au loin et voilà que dans cette contrée où tout est sous contrôle, les météorologues sont incapables d’en prévoir la progression. Une seule certitude, la catastrophe est imminente et en même temps que les couleurs changent (du rouge éclatant, on passe progressivement à de superbes tableaux aux cieux tourmentés), les comportements, habituellement jugés irréprochables, se modifient.
Si quelques-uns décident d’ignorer le danger et en profitent pour jouir encore davantage de la vie, d’autres dévalisent ou même pillent les magasins pendant que certains se barricadent chez eux. Les plus aventuriers tentent de fuir vers l’étranger, cet étranger autrefois synonyme de tous les dangers et qui, ironie du sort, ressemble désormais à une terre d’accueil. Cette fuite précipitée donne lieu à l’une des scènes les plus savoureuses du film, où avec un réalisme criant les douaniers européens refoulent les citoyens suisses tandis qu’ils laissent passer les « Yougos » pour reprendre l’appellation d’un homme qui, à son grand désespoir, comprend que son pays ne le protège plus des malheurs infligés aux autres populations et dont il avait toujours pensé être épargné.

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Ce film collectif, s’il a l’avantage de niveler adroitement classes sociales et différences, a aussi l’inconvénient de se perdre dans un foisonnement de points de vue difficiles à suivre. Dix réalisateurs génèrent dix éclairages différents et un nombre incalculable de comédiens au charisme certain mais dont on déplore de ne pouvoir suivre l’évolution sereinement. Des scènes courtes se succèdent les unes aux autres chassant rapidement un personnage pour mettre en scène le suivant, et ce au détriment de toute progression narrative. Démarré sur les bases d’un bon récit de politique-fiction malicieusement critique, le film s’égare ensuite inutilement dans le thriller fantastique et nous propulse brutalement dans une irréalité de mauvais aloi. Dommage, on avait pourtant commencé à se réjouir de cette fable sombre et moqueuse sur l’étude des comportements humains face à une situation extrême.