Deviens ce que tu es
Le 7 février 2019
Habile dans son utilisation des techniques d’animation traditionnelles, Wardi narre un récit fort et tendre, au prisme du regard d’une jeune héroïne en quête de son passé.
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Beyrouth, Liban, aujourd’hui. Wardi, une jeune Palestinienne de onze ans, vit avec toute sa famille dans le camp de réfugiés où elle est née. Sidi, son arrière-grand-père adoré, fut l’un des premiers à s’y installer après avoir été chassé de son village en 1948. Le jour où Sidi lui confie la clé de son ancienne maison en Galilée, Wardi craint qu’il ait perdu l’espoir d’y retourner un jour. Mais comment chaque membre de la famille peut-il aider à sa façon la petite fille à renouer avec cet espoir ?
Notre avis : Pour réaliser son premier long-métrage d’animation, le cinéaste norvégien Mats Grorud s’est inspiré de sa propre histoire : sa mère, infirmière, a travaillé au Liban pendant la guerre civile. Par-delà les frontières du pays, le conflit israélo-palestinien a conduit de nombreux habitants de Palestine à trouver refuge sur le territoire libanais. De là ont poussé les camps de réfugiés, dont l’un d’entre eux, le camp de Burj El Barajneh, que Wardi prend pour cadre.
Porté par ses visites des camps au Liban et ses souvenirs d’enfance, passée au Caire, à Jérusalem et à Gaza, Gorurd livre un film en forme de miroir existentiel, en mettant en scène une jeune adolescente qui, suite à la maladie de son grand-père, qui menace de l’emporter, décide de connaître son passé social et familial, en interrogeant son entourage.
- Copyright Jour2Fête
Wardi est une adolescente tout à fait comme il faut : elle est gentille, bien élevée, travaille bien à l’école et a pour ambition de faire des études et de devenir quelqu’un. Malheureusement, le cynisme et le pessimisme planent comme les ténèbres au-dessus des têtes de populations résignées. Face à cette abnégation et à la perspective de ne jamais rentrer en Palestine, Wardi décide de savoir d’où elle vient.
Quoi de mieux pour cela que d’interroger les membres de sa famille ? De sa mère à sa tante en passant par son oncle, chacun de ses proches va lui raconter, de son point de vue, et à sa manière, comment il est arrivé au camp, comment il a traversé les violences inouïes des conflits armés. Ainsi disposé, le récit rend un formidable hommage à ces gens qui ont tout perdu et tentent, aujourd’hui encore, de tout retrouver, à commencer par eux-mêmes.
- Copyright Jour2Fête
Le film est également intéressant dans son utilisation de différentes techniques d’animation : les décors artisanaux et le design des personnages restituent à merveille l’ambiance des films en prise de vue réelle du Moyen-Orient. Les animations en volume et en 2D manifestent, chacune, une réalité temporelle (présent en stop-motion, passé en dessin traditionnel). Un mariage très audacieux, à l’heure où la 3D et les images de synthèse se taillent la part du lion de l’animation.
Sensible et bienveillant, Wardi prouve que, quelle que soit la région du monde dans laquelle on vit, les histoires des peuples se rejoignent, car connaître l’histoire de ses semblables impose de déjà connaître sa propre histoire : celle de sa famille.
- Copyright Jour2Fête
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.