Le 2 septembre 2019
Un premier film courageux et fort, porté par des comédiens formidables, même si parfois le récit n’évite pas l’écueil du pessimisme et quelques invraisemblances narratives.
- Réalisateur : Franchin Don
- Acteurs : Denis Lavant, Gérard Darmon, Josiane Balasko, Patrick Bouchitey, Vincent Winterhalter, Victor Belmondo
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Destiny Films
- Durée : 1h40mn
- Date de sortie : 2 octobre 2019
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Résumé : Lucius, 73 ans, vit seul et modestement. Un jour, il fait la connaissance de Lahire qui lui propose d’améliorer son maigre quotidien en participant à des combats de boxe clandestins. Par nécessité et parce qu’il sait que ses jours sont comptés, Lucius accepte la proposition. Fasciné par cet univers, il prend goût à cette nouvelle existence. Cette étrange expérience va complètement bouleverser sa vie, sous les yeux de Mona, la seule personne dont il est proche…
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Notre avis : Le temps est là. Avec les cassures qu’il laisse sur le visage, la santé qui se dégrade, et le regard social qui change. Lucius n’est pas très âgé. Mais la maladie guette, et on imagine qu’il traîne dans son sillage une lourde histoire, faite de ruptures et de pauvreté. Il ne se plaint pas. Il aime Mona, laquelle attend de quitter son appartement pour aller vivre avec ses enfants. L’argent manque. Lucius n’a pas les moyens de se payer une maison de retraite, bien qu’il en ressente la profonde nécessité. Alors, il se résigne, malgré lui, à participer à des combats de boxe, dans le sous-sol d’une boîte de nuit, où les lutteurs ne sont pas de jeunes et beaux gaillards, mais des vieux comme lui, abimés et silencieux. Ce début de film donne le ton. La trame principale s’avère tout à fait originale. La désespérance domine cette ville de banlieue, grise, dont on ne voit qu’une maigre passerelle qui traverse la rue, et le porche immense d’une discothèque.
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Il est aisé de deviner, en découvrant ce long métrage, que le jeune réalisateur, Franchin Don, est photographe de formation initiale. Il accroche les visages avec sa caméra, jusqu’à en faire ressortir les rides et les yeux, comme pour mieux marquer le poids de la vie qui passe. Les appartements baignent dans une ambiance poisseuse, mélancolique, la lumière blafarde et jaune traverse les images d’un bout à l’autre du récit. La douleur est perceptible chez ces gens qui semblent soudain réduits à leur seul vieillissement. Parfois, le cinéaste quitte les rues de cette ville sans nom, pour aller s’enterrer dans une boîte de nuit, où les jeunes dansent dans un ralenti expressif, et pire, dans les sous-sols de cette discothèque, où des vieux se battent au milieu de jeunes gens excités, non tant par le combat lui-même que par l’image que ces hommes âgés leur renvoient. On a vu beaucoup de configurations au cinéma, mais jamais un pareil lieu, où les clients se délectent devant des luttes de vieillards. Le propos est d’emblée subversif, mais surtout marqué par la tristesse : la manière dont nos sociétés contemporaines considèrent leurs aînés imprègne toute l’œuvre.
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Vous êtes jeunes vous êtes beaux est un film d’acteurs qu’irradient Gérard Darmon et Josiane Balasko. Ils forment à eux deux un couple attachant, délicat, et vieillissant. Tout est montré, sans jamais céder à la vulgarité : les corps qui grossissent, les figures qui courbent sous les rides. Les comédiens assument ces rôles difficiles, avec le respect et la grandeur qui conviennent à cette histoire. Ils n’en font pas trop, sont à la hauteur de la beauté et de la détresse des personnages qu’ils incarnent.
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Le grand défaut demeure le scénario. S’il faut du courage et de la détermination pour concevoir un film sur la vieillesse, particulièrement de cette intensité-là, le cinéaste abuse sans doute un peu trop d’une vision pessimiste et sans espoir de la fin de vie, qui n’est pas ce que voudrait bien nous dire Franchin Don : elle est aussi le témoignage d’une existence souvent remplie, qui suppose le droit de privilégier la sagesse et la paix, la joie des retrouvailles en famille. Ici, la vision du réalisateur est totalement noire et désespérée : le temps qui passe est associé à l’inexorable solitude qui nous attend. S’agit-il des propres angoisses du metteur en scène ou plus simplement l’expérience du romancier qui a co-écrit le scénario ? Le récit va peut-être trop loin dans la succession d’événements tragiques. Le spectateur sort en effet de ce long métrage à la fois émerveillé par le talent des comédiens et du réalisateur dont c’est le premier long, mais aussi crispé par autant de souffrances.
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Ce qui est certain, c’est que cette œuvre profile une longue carrière du réalisateur. On pense, en regardant son film, à la patte d’un Jacques Audiard, ou de façon plus lointaine, aux œuvres les plus sombres de Pierre Granier-Deferre. Mais l’on sait aussi que ce long métrage n’aurait pas été de cette tenue-là sans le jeu exceptionnel des comédiens Balasko, Darmon, Lavant, Bouchitey, Winterhalter, et même le jeune Victor Belmondo, dont on perçoit enfin qu’il est taillé pour le métier.
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