Ville Neuve - la critique du film

Notre avis : Premier long métrage d’animation de Félix Dufour-Laperrière, Ville Neuve narre deux destins qui n’en font qu’un : celui de Joseph, et celui d’Ulysse.
Le premier est un homme fatigué et désabusé, préférant vivre dans le passé plutôt que dans un présent qui l’oppresse et un futur qui l’effraie. Le second est un garçon assoiffé d’émancipation et d’indépendance… comme le Québec. Ville Neuve confronte donc le brûlant soulèvement de la Province Canadienne et les conflits intérieurs de deux hommes, désenchantés par leurs existences respectives.

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Le film ose le mélange – très équilibré – des registres : tantôt l’élégie, tantôt le romantisme, bien souvent la mélancolie.
Les monologues solitaires, les dialogues entre Joseph et Emma, flirtent avec la métaphysique : qu’est-ce que l’amour ? Qu’est-ce qu’exister ? Qu’est-ce qu’une vie bonne ? Autant de bonnes questions que pose le récit.
Parfois, des montées de fièvre, silencieuses ou très bruyantes, à l’image des maisons québécoises dévorées par les flammes, traduisant les doutes et les incertitudes des protagonistes. L’articulation entre l’histoire politique québécoise et le récit fictionnel est très simple, et aborde des sujets aussi complexes que passionnants.

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Mais ce qui, en premier lieu, frappe le regard, c’est ce dessin singulier à l’encre de Chine, qui donne au film sa dimension artisanale. On devine la main courant sur le papier, le tracé des silhouettes, la composition du mouvement.
Ville Neuve atteste de la créativité de son auteur, mais aussi du fait que l’animation traditionnelle a encore de beaux jours devant elle. À l’heure où le cinéma d’animation se numérise et se colorise de plus en plus, un film en noir et blanc entièrement dessiné à la main est une respiration bienvenue.