Victimes - la critique du film

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Notre avis : Sur le papier, l’histoire de Victimes est prometteuse, parce qu’elle développe un argument original : un patient sociopathe a besoin d’un dialogue avec son psy -Vincent- pour monter d’un cran dans la violence. Sauf que l’autre n’y voit que du feu, croit qu’à travers l’échange, les pulsions nocives de François se confronteront au miroir de leur propre aveu. La première scène réussit, par un champ-contrechamp, à fixer les caractéristiques de la relation : jamais les deux personnages ne sont dans le même plan, car, déjà convaincu par la vie qu’il souhaite mener, le jeune homme affecte de satisfaire son interlocuteur. Oui, il sortira pour rencontrer du monde : dans un bar, en boîte, mais il s’agit à chaque fois de se persuader par l’exemple de sa propre incapacité et d’en faire état à Vincent, sans mentir sur les faits. Peu à peu, le psy sent bien que son patient lui échappe, puisqu’il entre dans son existence, peuple son sommeil de cauchemars, forcément sanguinolents.

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Or, comment expliquer qu’un professionnel confronté à un cas aussi inquiétant demeure apathique, tandis que le danger augmente de jour en jour ? Le caractère atone de Vincent, interprété d’une manière assez uniforme, ne convainc pas. A moins qu’on n’ait affaire à un être qui lui-même aurait un profil psychologique fragile, rien n’explique qu’à l’un de ses amis -bien falot, lui-même- le praticien se contente de répondre mollement, après la situation terrifiante qu’il a exposée.
Le personnage de François séduit davantage, mais on a l’impression qu’il existe seul au milieu d’une galerie de fantômes et le jeu plutôt mécanique des acteurs n’arrange pas l’affaire. En vérité, Victimes pâtit d’une mise en scène maladroite : la scène de séquestration, qui devrait constituer une acmé, s’avère longue et ennuyeuse, une autre séquence - de scarification - croit informer le spectateur en montrant ce que regarde le protagoniste : un homme déformé par une maladie. Or, il y a beaucoup plus d’intensité et de suspens dans le regard surpris d’une auto-stoppeuse que dans ces scènes à faire. Un instant, à travers la réaction inquiète de cette femme, on pressent tout ce que le film aurait pu être : brodé dans de la dentelle, plutôt que taillé à la hache.