Tarzan "sweded"
Le 9 novembre 2009
Sans verser dans l’angélisme, ce documentaire sur un réalisateur de homemade cinema à la tunisienne est une bouffée d’air frais pleine d’humour portée par une bande de dingos de la caméra vidéo, prêts à tout pour égayer leur quartier.
- Réalisateur : Nejib Belkadhi
- Acteur : Moncef Kahloucha
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Tunisien
- Editeur vidéo : Les Films du Paradoxe
- Date de sortie : 20 octobre 2009
- Plus d'informations : Le site du DVD
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– Durée : 1h20mn
– Date de sortie DVD : le 20 octobre 2009
Sans verser dans l’angélisme, ce documentaire sur un réalisateur de homemade cinema à la tunisienne est une bouffée d’air frais pleine d’humour portée par une bande de dingos de la caméra vidéo, prêts à tout pour égayer leur quartier.
L’argument : Grand fan des films de genre des années 70, Moncef Kahloucha, peintre en bâtiment,
tourne des fictions hilarantes en VHS avec l’aide des habitants du quartier populaire
Kazmet à Sousse (Tunisie). Il produit ses films, les réalise et y incarne toujours le rôle
principal. Ses tournages sont l’occasion, pour les habitants de son quartier, d’échapper à
leur quotidien morose et de vivre des instants intenses, de la préparation jusqu’à la
projection dans le café du coin. Dernier opus : Tarzan des arabes.
Notre avis : Il ne faut pas forcément être un gentil sociopathe gestionnaire de vidéoclub dans le New Jersey, comme les ados attardés de Be kind, rewind, pour que la passion fanatique du cinéma vous pousse à reconstruire, dans une veine désinhibée et libérée de toutes limites plutôt que parodique, vos films préférés, des grands classiques de la culture populaire (Tarzan) au cinéma de genre. La preuve, c’est que Moncef Kahloucha, quand il n’est pas un anonyme peintre de bâtiment à Sousse, régale ses amis et voisins en s’appropriant à la sauce ojja les grands héros et mythes du septième art, son panthéon accueillant aussi bien le Clint Eastwood des westerns, dont il célèbre le côté invincible et efficace, qu’Alain Delon ou Jean-Paul Belmondo, parce que dans les polars ils sont toujours accompagnés d’une jolie fille... La seule différence avec l’hommage d’un « fan » tient au fait que Kahloucha va plus loin que le swede (le fait d’incarner de nouveau, et avec les moyens du bord, un film donné) porté aux nues par le film de Gondry, parce que tout en s’inspirant de ses modèles, il conçoit lui-même ses films, du scénario au montage. D’où même, d’un bout à l’autre de la chaîne de fabrication, des tensions comiques dont s’amuse le documentaire, faisant se répondre en montage parallèle le réalisateur et son monteur qui sont tous deux persuadés que c’est chacun qui a bien « le dernier mot ».
Certes, Kahloucha n’est pas Orson Welles, et la caméra qu’il promène partout dans ses moments libres est quelque peu malmenée. Mais sans prétention au chef-d’œuvre, son investissement personnel est tel qu’on s’attache très rapidement à cette petite célébrité à l’échelle d’un quartier - et de ceux qui en sont issus... -, que le documentariste dépeint avec tendresse et recul tout à la fois. Plus que jamais, le cinéma se vit comme populaire, avec les moyens du bord (acteurs pris « sur le vif » et payés en nature, accessoires trouvés au souk...) qui n’entachent jamais la sincérité avec laquelle le noyau dur de l’équipe de Kahloucha construit peu à peu son film. Même si le montage est presque entièrement linéaire dans la chronologie - on assiste à la naissance de Tarzan des arabes -, la sélection des moments conservés dans le documentaire est toujours pertinente, allant souvent jusqu’à faire saillir sous la surface des sujets de société - chômage, relations entre les femmes et les hommes - dont la gravité est rendue moins dramatique par le halo de bonne humeur qui entoure le film. En effet, le rire dans VHS Kahloucha est la plupart du temps communicatif : on rit d’un vaudeville improvisé entre un mari et une femme qui échangent un véritable dialogue de sourds, on rit d’une prise de vues ratée à cause d’une autorisation de tournage, on rit des fous rires qui prennent les spectateurs lors de la projection du film de Kahloucha. Pas de moquerie gratuite, mais un réel espace d’insouciance et de solidarité, au beau milieu d’une vie quotidienne, que les problèmes matériels et sociaux font trop souvent passer du Technicolor au noir et blanc.
Le DVD
Une édition minimale qui permet au moins d’accéder à un film rare montré à Sundance et à Cannes.
Les suppléments
En l’absence de tout livret ou de bonus audiovisuels, il faudra se contenter d’un film-annonce, sans plus d’explication sur les conditions de réalisation du documentaire et le contexte des personnes filmées. Dommage, car VHS Kahloucha met l’eau à la bouche...
Image
Une caméra vidéo plutôt maîtrisée dans l’ensemble, qui donne à l’écran une image certes souvent mal balancée et un peu éblouissante, mais qui tient la route pour la courte durée du film.
Son
Qui dit prise de son in situ, dit inévitables grésillements, saturations et autres parasites (vent, voitures, etc...). Là aussi, on ne sera pas trop sévère étant donné les conditions de tournage, et la capacité du documentaire à saisir sur le vif des extraits (et des dialogues...) de quotidien particulièrement croustillants.
Galerie photos
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