Le 27 mai 2021
Vers la bataille constitue un récit initiatique et spirituel où la photographie revêt les contours d’une arme de guerre. Un film beau et généreux.
- Réalisateur : Aurélien Vernhes-Lermusiaux
- Acteurs : Malik Zidi, Thomas Chabrol, Olivier Chantreau, Leynar Gomez
- Genre : Western, Drame historique
- Nationalité : Français, Colombien
- Distributeur : Rezo Films
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 26 mai 2021
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Résumé : Vers 1860, Louis, un photographe, réussit à convaincre un général de l’armée française de l’envoyer au Mexique pour prendre des clichés de la guerre coloniale qui y fait rage. Sur place, perdu entre les lignes, toujours à contretemps, Louis est incapable de trouver les combats et de prendre le moindre cliché. Sa rencontre avec Pinto un paysan mexicain auquel il va lier son destin, va le conduire à découvrir, non la gloire et l’argent, mais un moyen d’affronter les fantômes de son passé.
Critique : Avant la photographie, il y avait la peinture. Elle prenait sur le vif des situations sociales, des portraits qu’elle réinventait à la lumière du fantasme de l’artiste. L’art photographique est survenu, renforçant la prise de vue immédiate et le point de vue politique. Toutes choses n’étant pas égales par ailleurs, cette façon dont le photographe du long-métrage Vers la bataille s’approprie le réel, par le prisme de son appareil, a un rapport avec la manière dont les jeunes aujourd’hui absorbent le réel dans leurs téléphones. Il y a du voyeurisme bien sûr, mais surtout la volonté quasi journalistique d’un homme, qui témoigne sur son temps. La séquence d’ouverture du premier film d’Aurélien Vernhes-Lermusiaux décrit avec force l’écrasement d’un ouvrier dans une mine ; le photographe, au lieu de poser son appareil pour venir au secours du blessé, saisit l’instant tragique à travers la focale de sa boîte. Provocation ? Art ? Témoignage historique ? Tout est dit.
- Copyright Noodles Production
Aurélien Vernhes-Lermusiaux filme cette aventure guerrière dans le Mexique comme un photographe. Il y a chez le cinéaste une véritable attention pour capter les plantes, la verdure des montagnes, les yeux d’un animal dans la nuit. Le réalisateur apporte un soin particulier aux couleurs, à la lumière et au cadrage de son image, ce qui confère à son récit une portée presque mystique. Le voyage se déroule avec l’accompagnement de lettres récitées, adressées à l’épouse du photographe. Il y a dans Vers la bataille une attention romanesque. Aller à la rencontre de la mort et de la bataille revêt pour le héros, Louis, les caractéristiques d’un parcours initiatique où les éléments de l’air, l’eau, le feu et la terre sont convoqués. Le dépouillement total dans lequel le héros se retrouve procède ainsi d’une succession d’épreuves où il doit mener sa propre guerre contre lui-même. La rencontre avec Pinto démontre alors que toute épreuve, pour être surmontée, nécessite de redonner à l’humanité un sens sacré.
- Copyright Noodles Production
Le récit de voyage est un genre très souvent abordé au cinéma. Cette fois, Aurélien Vernhes-Lermusiaux apporte en sus les colorations du témoignage historique. Pour autant, l’histoire aurait pu se passer dans une autre période, tant le scénario se centre sur la reconstruction personnelle de Louis. Même la photographie semble une opportunité, l’essentiel demeurant les épreuves que le héros s’inflige à lui-même à travers la guerre qui déchire le Mexique. L’occasion est donnée toutefois de dénoncer les abus colonialistes et l’injustice de la guerre, qui repose sur beaucoup de malentendus. Et ainsi, entre ce paysan et Louis va s’écrire le portrait d’une fraternité qui se noue à travers l’art puissant de la photographie, un instant du film, comparée à une arme par le Mexicain candide.
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Le scénario s’attache parfois à quelques facilités narratives qui permettent aux personnages de se sortir des situations les plus inextricables. Pour autant, on suit avec intérêt les pérégrinations de ce personnage, plus philosophe que reporter de guerre, qui dénonce l’absurdité du combat des hommes. Le plus intéressant demeure le fait qu’il s’agisse d’un premier film. On pressent dans les images, la mise en scène, un cinéma en devenir où Aurélien Vernhes-Lermusiaux grandira en profondeur et en hauteur de vue. Toujours est-il qu’il est difficile de ne pas faire le lien entre la bataille de ce documentariste de métier, pour donner vie à son art cinématographique, et ce Louis Deville qui cherche par la photographie à devenir un témoin de son temps.
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