Le 3 août 2021
Si le film se donne des allures hispanisantes d’un récit sulfureux de Fassbinder, le scénario manque d’épaisseur et de rythme.
- Réalisateur : Daniel Nolasco
- Acteurs : Leandro Faria Lelo, Allan Jacinto Santana, Renata Carvalho, Mel Gonçalves, Conrado Helt
- Genre : Drame, Comédie dramatique, LGBTQIA+
- Nationalité : Brésilien
- Distributeur : Optimale Distribution
- Durée : 1h50mn
- Titre original : Vento seco
- Date de sortie : 11 août 2021
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Résumé : Sandro travaille au département ressources humaines d’une compagnie minière. A la fin de la journée il retrouve son collègue Ricardo dans la forêt avoisinante où ils ont des relations sexuelles. Régulièrement il se rend à la piscine où il fantasme sur le beau Maicon qui ne le remarque pas. Lorsque celui-ci commence à travailler dans la même compagnie, le désir de Sandro se transforme en obsession, et cela empire lorsqu’il apprend que Ricardo et Maicon ont une aventure.
Critique : C’est toujours la même chose : plus un être est inaccessible, plus le désir pour lui se décuple. Vent chaud s’écrit ainsi au rythme de la météorologie brésilienne, dans une entreprise peu scrupuleuse d’écologie, mettant en scène un homme approchant de la cinquantaine qui a des rapports sexuels réguliers avec un jeune individu, des rapports trop faciles d’ailleurs, à l’inverse de cet autre ouvrier, Maicon, qui répond à ses avances timides par une froide indifférence. Le long-métrage s’engage ainsi pendant presque deux heures, dans ce trio où se mêlent indifféremment le réel, le fantasme et les rêves de Sandro. Il y a évidemment un parti pris extrêmement esthétisant qui fait tout de suite penser aux œuvres cinématographiques de Fassbinder. Le réalisateur tente d’offrir à ses spectateurs une expérience visuelle et sonore du désir homosexuel, à travers un ensemble d’images souvent très belles, où l’érotisme prend le pas sur l’analyse psychologique des personnages.
- Copyright Optimale Distribution
Dans l’écho évident à tout un pan du cinéma gay, Daniel Nolasco joue avec avec les lumières et les couleurs. Le film est avant tout une entreprise esthétique où le corps masculin, a fortiori approchant les âges mûrs, est mis en exergue. Les hommes sont des objets de désir dans un univers quasi exclusivement masculin, où quelques rares femmes, voire transgenres, font leur apparition. Cette obsession souvent gay que derrière chaque garçon se cache un homosexuel refoulé absorbe toute l’histoire qui n’a de cesse de raviver la beauté à travers la virilité des corps. On ne peut pas contester que d’un point de vue formel, le film est très réussi. Le travail sur la photographie et la musique sert d’écrin à des scènes qui approchent parfois la pornographie. On est toujours d’ailleurs à se demander si les scènes explicites de sexe ont leur utilité, sinon qu’elles soulignent le fantasme de celui qui les met en scène.
- Copyright Optimale Distribution
Daniel Nolasco ne se cache pas d’une volonté de théâtraliser le désir masculin. Les plans témoignent souvent d’une certaine culture pop des cabarets. Les séquences, fortement artificielles, qui évoluent entre réalité et escapades nocturnes, s’intègrent dans des espaces qui font penser aux scènes d’un théâtre. Même la piscine éclairée de façon très suggestive, évoque un lieu clos, non tant sportif que sujet à tous les dérapages érotiques. Les hommes hétérosexuels ou pas étalent leurs meilleurs attraits dans des couleurs feutrées et sensuelles. Mais voilà, le problème fondamental de cette œuvre demeure le scénario. Les deux heures paraissent d’une longueur infinie, tant le récit ne tient que sur un fil. Tout est résumé dans l’intention générale du long-métrage et l’histoire ne constitue en réalité qu’une vague opportunité pour mettre en valeur les corps masculins et l’homo-érotisme. Est-ce que cela suffit à faire un film ? On ne doute pas que le long-métrage séduira le public gay masculin, mais l’enjeu du cinéma est avant tout d’éclairer le monde pour le plus grand nombre de personnes. Vent sec exclut de fait une partie non négligeable de spectateurs, à commencer par les femmes, du fait d’un traitement essentiellement euphorisant et libertin, au détriment d’une histoire qui emporterait son destinataire.
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