Du rififi à la FIFA
Le 15 décembre 2014
Cette histoire de la Coupe du Monde de football, projetée à la sauvette au Festival de Cannes 2014, est un naufrage artistique.
- Réalisateur : Frédéric Auburtin
- Acteurs : Gérard Depardieu, Tim Roth, Thomas Kretschmann, Sam Neill, Serge Hazanavicius, Anthony Higgins, Antonio de la Torre, Fisher Stevens, Roger Van Hool, Jemima West
- Genre : Historique, Nanar, Film de sport
- Nationalité : Français, Suisse
- Editeur vidéo : Editions BO
- Durée : 1h50mn
- Festival : Festival de Cannes 2014
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Résumé : Paris, 1904. Malgré la défiance des Anglais, une bande de jeunes passionnés européens décide de se réunir autour d’un projet unique : la création d’une Fédération Internationale de Football. Une des plus grandes légendes modernes est lancée...
Critique : Curieuse destinée que cet objet filmique, commandé et coproduit (avec TF1) par la Fédération internationale de football association dans un but d’auto-glorification, atterri par on ne sait quel miracle (ou lobbying) en sélection officielle à Cannes (mais absent du catalogue), relégué en seconde division de la programmation avec une projection à la sauvette dans la section Cinéma de la Plage, refusé par les distributeurs et disponible seulement dans une version DVD... que ne semblent pas s’arracher les foules. Ce produit d’une esthétique télévisuelle digne des pires feuilletons rétro de l’ORTF veut retracer le parcours d’un siècle de FIFA, depuis ses balbutiements à Paris en 1904 jusqu’à la décision de confier à l’Afrique du Sud le soin d’organiser la Coupe du Monde de 2010. Une série de saynètes illustratives, avec décors, costumes et accessoires d’époque, a pour arrière-fond la crise de 1929 (qui faillit ruiner la Fédération), la montée du fascisme et du nazisme, la Seconde Guerre mondiale, les Trente Glorieuses puis les années 80-2000 marquées par des vicissitudes et malversations financières. Le scénario se focalise sur trois personnages : Jules Rimet (Gérard Depardieu, ombre de lui-même), président de 1921 à 1954, présenté comme une sainteté du football et de ses valeurs pures ; João Havelange (président de 1974 à 1998), corrompu jusqu’à l’os, incarnation du traître d’opérette, et qui a les traits de Sam Neill ; Sepp Blatter, l’actuel dirigeant, est dépeint comme un messie, victime des agissements du précédent.
Tim Roth est ici aussi improbable qu’en prince Rainier dans l’inénarrable Grace de Monaco, l’autre flop de Cannes 2014. Tout est lisse et linéaire dans United Passions, et rien ne vient perturber une chronologie scolaire (avec dates et lieux à l’appui), si ce n’est le leitmotiv d’une sorte de clip publicitaire avec des enfants défavorisés jouant au foot, dont une fillette au regard de chien battu... Si le film se veut fidèle à la réalité historique, il n’en finit pourtant pas de multiplier grossissements de traits et invraisemblances, des Anglais apparaissant comme des tarés arrogants à Blatter négociant sur une aire d’autoroute avec un VRP d’Adidas, en passant par Rimet et sa fille coupant le caquet à un raciste de salon puis donnant des leçons d’humanité à des représentants des fédérations allemandes et italiennes. Et que dire de cet usage généralisé de la langue anglaise, ou de ces ralentis ridicules, notamment quand un Rimet troublé remet la Coupe à l’Uruguay après le Maracanaço (1950), ou lorsque Blatter marche pour se rendre à une élection dans laquelle les participants se sont ligués contre lui ? On l’aura compris. Cet accident industriel et artistique est un nanar de première et ne satisfera aucun public. Et quand le Pata Pata de Miriam Makeba se fait entendre au générique de fin, on est partagé entre l’hilarité et le désespoir...
– Sortie en DVD : 3 juillet 2014
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