Une Histoire du western chez Carlotta et GM Editions : deux tomes de bonheur !

Notre avis : C’est d’abord une gageure véritable, celle de résumer en deux tomes l’histoire d’un genre aussi protéiforme que le western ; la division (« les cow-boys » et « les Indiens ») rappelle l’appellation ancienne, celle qui a fondé nombre de films, et s’avère plus riche et stimulante qu’il n’y paraît. Dans les deux livres, la structure est la même : l’histoire chronologique (les faits, les œuvres), avec quelques focus sur des cinéastes, des acteurs ou des personnages réels, puis la présentation des 6 DVD qui accompagnent les ouvrages, et une sélection de films autour d’un thème.
Cette simplicité dans le traitement n’empêche pas l’auteur, Louis-Stéphane Ulysse, de brasser un nombre considérable de westerns en variant les points de vue : on trouvera aussi bien des anecdotes (ainsi apprend-on pourquoi les Indiens ont des bandeaux), des analyses de style (celui de Ford, ou les caractéristiques du western-spaghetti), des récits de tournage que beaucoup d’autres précisions encore qui entremêlent la grande et la petite histoire, les films inconnus et les chefs-d’œuvre.

Une Histoire du Western - les Cowboys (Editeur Carlotta)

Certes, les amateurs déploreront telle absence (Raoul Walsh, par exemple, dont le rôle est minoré), les historiens telle autre (rien sur Joë Hamman, qui inventa le genre en Camargue), mais l’abondance et le choix des titres laisse pantois : des premiers Griffith au Winnetou incarné par Pierre Brice et dont certains se souviennent avec émotion, c’est tout un pan de l’histoire du cinéma qui se déroule sous nos yeux, et, bien sûr, les incontournables, analysés plus longuement, ne manquent pas à l’appel ; on en aurait voulu à l’auteur d’oublier La prisonnière du désert ou La chevauchée fantastique…
Faut-il pinailler ? On ne sera pas toujours d’accord avec les choix de Louis-Stéphane Ulysse, mais, outre que la subjectivité est plus qu’un droit, le titre l’indique bien, il s’agit d’ UNE histoire, forcément partiale et partielle. En revanche, l’absence de définition du genre est plus étrange. Qu’est-ce au fond qu’un western ? Si ses caractéristiques apparaissent en creux, on aurait bien aimé voir posées ses limites et, à tout le moins, que l’interrogation soit explicite. De même, l’absence d’un index est regrettable.

Et c’est tout. Pour le reste, cet ouvrage qui séduira les amateurs et les néophytes réserve de nombreuses surprises (la partie « Indiens » est une mine d’histoires méconnues), et, avec sa documentation solide et sa plume alerte, pourrait bien devenir un livre de chevet en même temps qu’une référence. Il existe des sommes plus savantes, comme le Dictionnaire du western de Claude Aziza et Jean-Marie Tixier (Vendémiaire), ou l’Encyclopédie du western de Patrick Brion (Télémaque) et, dans un cadre plus large et universitaire, Le western et les mythes de l’ouest, sous la direction de Gilles Menegaldo et Lauric Guillaud (PUR) ; mais cette double approche, qui se lit aisément et avec une curiosité grandissante, fait un tour rapide et enlevé de la question. D’autant que l’illustration, abondante, est de qualité : on se prend à rêver sur telle photo ou telle reproduction et, au bout du compte, à aller chercher dans sa DVDthèque de quoi alimenter une boulimie revigorée par la lecture.
Il faut également insister sur la beauté des ouvrages, imposants massifs sous coffrets, qui font bel effet dans une bibliothèque, mais dépassent largement l’aspect décoratif, et sur la présence de DVD dont on louera le choix et la cohérence. Bref, un indispensable, un rêve de cinéphile.

Les 12 DVD ;
Avec Les Cowboys :
Alamo, Wayne (1960)
Il était une fois dans l’ouest, Leone (1968)
La horde sauvage, Peckinpah (1969)
Josey Wales hors-la loi, Eastwood (1976)
Tom Horn, sa véritable histoire, Wiard (1980)
True Grit, Cohen (2010)

Avec Les Indiens :
La flèche brisée, Daves (1950)
La prisonnière du désert, Ford (1956)
Soldat bleu, Nelson (1970)
Little Big Man, Penn (1970)
Jeremiah Johnson, Pollack (1972)
Dans avec les loups, Costner (1990)

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