Bandonéon
Le 22 octobre 2009
Un documentaire auquel on pardonne facilement l’amateurisme technique grâce à un discours passionnant et passionné sur un talentueux orchestre de tango.
- Réalisateur : Caroline Neal
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Argentin
- Editeur vidéo : Sony Pictures Home Entertainment
- Date de sortie : 21 octobre 2009
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– Durée : 1h24mn
– Titre original : Si Sos Brujo
Un documentaire auquel on pardonne facilement l’amateurisme technique grâce à un discours passionnant et passionné sur un talentueux orchestre de tango.
L’argument : Jeune contrebassiste, Ignacio Varchausky est un passionné de tango et un amoureux de l’histoire de l’Argentine. Obsédé par la perte progressive de la tradition, il fait le pari fou de créer un orchestre de tango qui serait aussi une école pour la nouvelle génération. A la fois exigeant et populaire, ce projet hors du commun propose de réunir des anciens maestros du flamboyant tango de l’après-guerre, de les faire rejouer avec de jeunes musiciens, et ainsi de transmettre les secrets de cette musique aux générations futures.
Ignacio part à la rencontre du vieux maître Emilio Balcarce, mythique violoniste, bandonéoniste et compositeur. A 87 ans, il accepte de reprendre du service pour l’Ecole-Orchestre de Tango. Personnage vif et spirituel, aussi humble qu’il est renommé, Emilio devient le véritable parrain de ce projet. Il apprend aux musiciens à battre la mesure juste, puiser dans l’émotion pour retrouver l’authentique énergie du tango.
En exhumant des partitions tombées dans l’oubli, ils se rassemblent autour de la musique, répètent avec tonicité et bientôt se produisent en concert...
Notre avis : Une histoire du tango commence mal : cette œuvre qui s’annonce comme un documentaire prend des allures de fiction en voulant faire croire à des séquences authentiquement prises sur le vif alors qu’elles sont manifestement rejouées par les personnes que l’on voit à l’écran. La voix off à la première personne participe elle aussi à installer le doute quant à la catégorisation du film. Ajoutez à cela des zooms avant-arrière répétés sur des photos d’archives et l’on se met à craindre le pire... Mais nos appréhensions s’estompent dès lors que la voix off se tait (l’extinction de voix ayant lieu au bout de quinze minutes). Alors que l’on ne comprenait pas très bien le lien entre les personnes qui s’engageaient dans un projet de création d’un orchestre et les photos retraçant en deux minutes l’histoire de la musique tango (!), le film se concentre désormais uniquement sur les passeurs. Entendez par passeurs, des individus engagés pour la pérennité de la musique qu’ils aiment et qu’ils composent.
- © Bodega Films
S’il n’y a plus de voix off, il y a toujours un narrateur, Ignacio Varchauski. Dès lors qu’il ne guide plus le récit, on perçoit sa présence autrement et, bien plus fortes que les mots, ce sont ses émotions que l’on partage. Il a réussit à convaincre Emilio Balcrace, l’un des plus grands chef d’orchestre de tango, de diriger l’orchestre qu’il vient de créer. L’homme, en train de devenir sourd (l’analogie avec un certain Ludwig est inévitable), continue toujours de transmettre son savoir aux jeunes générations. En le filmant, la réalisatrice (qui prend la place du narrateur à la technique mais qui adopte entièrement son point de vue) redonne des oreilles au musicien de génie et perpétue son talent. La passation de savoir est au cœur de Une histoire du tango : l’orchestre se forme pour ne pas que le tango, pourtant si caractéristique de l’Argentine, disparaisse. Il y a en chacun des musiciens un désir réel de laisser dans l’Histoire une trace de cette musique qui fait partie de leur patrimoine commun et dont ils vivent. Cette transmission de la connaissance se manifeste également par le premier violon qui exerce son fils à son instrument et tente de lui inculquer les bases du solfège et de la pratique. Nous révélant que son petit garçon entre prochainement au conservatoire, on perçoit, outre la fierté parentale face au talent de son enfant, la joie véritable que lui procure l’idée qu’il va pouvoir jouer en chœur avec son fils et que celui-ci sera le relai de cette musique qu’il affectionne.
- © Bodega Films
L’image est relativement laide avouons-le, souvent mal cadrée (ça c’est sûr, il n’y a pas d’air au-dessus des personnes filmées... c’est à peine si leurs yeux rentrent dans l’image !), la mise au point est souvent douteuse quand elle n’est pas réalisée pendant la prise de vue, mais il se dégage de ce documentaire une véritable authenticité. Celui-ci se révèle tel un témoin d’une génération d’artistes, compositeurs et musiciens. La musique est quant à elle bien utilisée, un ton au-dessus du bruit ambiant, magnifiant ainsi le travail de tous et Une histoire du tango devient tout simplement passionnant.
- © Bodega Films
Le DVD
Absolument complémentaires du film, les suppléments s’avèrent judicieusement choisis et rendent grâce au travail des musiciens.
Les suppléments :
Plusieurs extraits de concerts donnés par l’orchestre, au Palais de Chaillot, à Paris, notamment. Ces séquences sont les bienvenues, enrichissant le film et donnant une vision plus aboutie du travail fourni par les musiciens pour arriver à un tel niveau d’excellence. Un court documentaire s’ajoute également, présentant les musiciens avant les répétitions. Tourné dans l’esprit d’Une histoire du tango (serait-ce des scènes coupées ?), il complète là aussi habilement le film et a le mérite de présenter, par l’interprétation de sa musique, l’immense Peppe Libertella.
Image :
Une définition décevante au grain très appuyé, marquant d’autant plus les défauts d’une image originale déjà peu soignée.
Son :
Un son 5.1 tout à fait correct avec une répartition égale entre les enceintes mais on peut regretter toutefois un manque d’amplitude, ce qui ne rend pas grâce au sujet du film : la gloire de la musique...
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