Une histoire d’hommes - La chronique BD

"Mes amis, mes amours, mes emmerdes..." et le rock

On attendait avec plus ou moins d‘impatience, c’est selon, la dernière production grand format (31,6 x 23,8cm !) de Zep qui vient de paraitre chez Rue de Sèvres, la jeune maison d’édition récemment créée par l’Ecole des Loisirs. C’est un changement radical de style et de genre pour Zep qui s’attaque à la BD dite pour adulte même si il y avait déjà effectué quelques incursions avec des albums comme Happy Rock ou Carnets Intimes.

Résumé : Les Tricky Fingers (allusion certaine à l’album des Pierres qui Roulent !) sont donc quatre jeunes gens dans le vent, Sandro, JB, Franck et Yvan plein d’ambition, vivant pour le rock. Ils sont alors en pleine ascension et ont déjà quelques aficionados quand éclate une bagarre, juste avant un grand show musical (où l’on croise Beck). Bagarre qui va scléroser et faire éclater le groupe.

On retrouve alors JB, Franck et Yvan, qui se sont maintenant rangés des voitures, quelques années plus tard. Ils sont devenus quarantenaires et ils ont décidé de traverser la Manche pour retrouver leur ami Sandro devenu une star internationale du rock. Ses retrouvailles seront l’occasion d’explications, de disputes de traits d’humour et feront ressurgir des secrets trop longtemps enfouis.

Notre avis : Chaque protagoniste a une personnalité bien tranchée mais assez classique et convenue : l’homme marié PDG et père de deux enfants dont la vie ronronne, le multi-divorcé potache, le dépressif chronique et, enfin, la rock star adulée ayant réussi à percer à l’insu des de ses amis. On a réellement des difficultés à s’attacher à chacun d’entre eux mais heureusement, les flashbacks, le séquençage et la mise en page des cases donnent du rythme au récit et Zep réussit à nous faire partager son amour du rock (oui, oui n’oublions pas que son pseudonyme est un hommage au groupe de Page, Plant et Jones). L’on retiendra aussi un dessin vaporeux enveloppé dans de belles variations et alternances de couleurs, incluant le fameux cocktail spleen, drogue et sexe (ça aurait plu à Ian Dury)

Il flotte dans cette BD, au trait soigné mais reconnaissable, une ambiance nostalgique et mélancolique baignée par le rock... qui ne nous laisse pas « Dazed and confused » !