Rembobinez
Le 26 novembre 2011
Excitant sur le papier, ce conte moral sur le thème de la deuxième chance déçoit par un traitement trop habile qui ne parvient pas à s’extraire des procédés faciles et des clichés.


- Acteurs : Nina Hoss, Mark Waschke, Lars Eidinger
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Allemand
- Durée : 1h 36mn
- Titre original : Fenster zum Sommer
- Plus d'informations : http://www.festivalcineallemand.com...
- Festival : Festival du cinéma allemand

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– Sortie en Allemagne : 3 novembre 2011
Excitant sur le papier, ce conte moral sur le thème de la deuxième chance déçoit par un traitement trop habile qui ne parvient pas à s’extraire des procédés faciles et des clichés.
L’argument : Juliane vient de quitter Philipp, son compagnon de longue date, pour August. Elle passe ses premières vacances avec son nouvel amant en Finlande, mais se réveille soudain à Berlin. Il neige et il fait froid, elle n’arrive pas à y croire. Comme si rien ne s’était passé, son ex ami Philipp lui rappelle un rendez-vous avec un agent immobilier. Sa collègue de travail Emily ne semble pas non plus au courant d’un changement amoureux dans sa vie. Lorsque Juliane retrouve August, ce dernier ne se souvient d’ailleurs pas d’elle. N’était-ce que le rêve d’un amour d’été ou le cours de l’histoire a-t-il bel et bien changé ? En tout cas, le jour de la rencontre entre Juliane et August doit encore arriver. Mais comment se comporter lorsqu’on pense déjà connaître son avenir ?
- Nina Hoss - fenster zum Sommer
Notre avis : L’argument de ce film ambitieux , adapté d’un roman de Hannelore Valencak publié en 1966, repose sur la sensation de déjà vu qu’il associe au thème de la deuxième chance sur le mode de : Et si c’était à refaire ?
Le sujet est excitant sur le papier et on ne peut nier que certaines scènes de Fenster zum Sommer parviennent à accrocher l’attention en installant une remarquable atmosphère d’attente tendue (la rencontre, dans un bar chic, avec le futur homme de sa vie, provoquée par l’héroïne trois mois avant le coup de foudre programmé).
Mais que tout cela semble fabriqué et systématique ! Comme s’il fallait à tout prix faire le tour des possibilités qu’offrait ce postulat de départ singulier et déployer toute la gamme des registres : drame psychologique, romance, soupçon de fantastique, sans oublier l’indispensable touche de comédie avec le personnage de la meilleure amie gourde, bien caricatural malgré la vivacité de son interprète Fritzi Haberlandt au parler berlinois trop coloré pour être vrai.
C’est cependant le conte moral, et même moralisateur, qui l’emporte, l’héroïne finissant, après moult coups de théâtres plus téléphonés les uns que les autres, par mériter ce qui dans la version test était entaché d’un sentiment de culpabilité (la mort de l’amie, le secret entretenu autour de la relation amoureuse). C’est à un enfant qu’est assigné le rôle ingrat de garant de ce bonheur désormais débarrassé de scories et pour tout dire aseptisé (et asexué).
- Nina Hoss - Fenster zum Sommer
On aura compris que les personnages restent collés irrémédiablement à la fonction que leur assigne un scénario trop habile et que, s’ils s’en tirent avec les honneurs, Nina Hoss, Mark Waschke ou Lars Eidinger ne peuvent livrer ici que des prestations de routine bien en deçà de ce qu’ils ont pu faire ailleurs.
Car la mise en scène de Hendrik Handloegten ne dépasse jamais le stade du cliché joliment reproduit et applique scrupuleusement les règles dictées par un savoir faire très pro qui ne laisse au film aucune chance de sortir des sentiers de l’émotion balisée (musique envahissante, plans en caméra subjective, montage haché dans la scène de la cantine, particulièrement maladroite, où l’héroïne essaie désespérément de reproduire à l’identique ses faits et gestes passés-futurs).
- Mark Waschke - Fenster zum Sommer
L’ensemble n’est pas désagréable à regarder et magnifie la photogénie de Berlin et de la Finlande (coproduction oblige) au point qu’on se croirait plus d’une fois dans un dépliant touristique, mais Fenster zum Sommer vise trop ouvertement (et efficacement) à emballer son public pour charmer en profondeur.