Le 24 avril 2020
Cette comédie sociale, qui obtint un réel succès à sa sortie, marque une inflexion dans la carrière du réalisateur Jugnot. Si le film n’évite pas certains clichés et manque de mordant, il s’avère plutôt agréable, avec une galerie de personnages globalement attachants.


- Réalisateur : Gérard Jugnot
- Acteurs : Richard Bohringer, Zabou Breitman, Gérard Jugnot, Victoria Abril, Michèle Laroque, Éric Prat, Charlotte de Turckheim, Emmanuel Salinger, Chantal Ladesou, Roland Blanche, Ticky Holgado, Chick Ortega, Claude Legros
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : AMLF Distribution
- Durée : 1h36min
- Date télé : 21 décembre 2023 22:40
- Chaîne : OCS Max
- Date de sortie : 19 juin 1991

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Résumé : Michel Berthier a tout pour être heureux : une femme, des enfants, un emploi stable. Mais du jour au lendemain, tout s’écroule et il est obligé de fuir le domicile conjugal. Il devient alors sans domicile fixe, aux côtés de Mimosa, de Crayon et du Toubib.
Critique : Avec cette comédie sociale, Gérard Jugnot gagnait non seulement ses galons de réalisateur, mais il obtenait un succès public plutôt mérité, après trois premières réalisations plutôt franchouillardes - Pinot simple flic (1984), Scout toujours (1985), Sans peur et sans reproche (1988). A sa sortie en 1991, le long métrage attira en effet plus 1,6 million de spectateurs en France.
Le contenu de l’histoire ne dément pas son titre oxymorique : la France des relégués de la crise que documente cette histoire est loin d’illustrer "une époque formidable". A peu près à la même époque, Coline Serreau s’emparait d’un semblable sujet pour évoquer le brutal déclassement des classes moyennes dans La crise, consécutif aux effets foudroyants d’une dépression économique, dont l’ampleur s’est aggravée au fil des années. Les compagnons d’infortune qui accompagnent Michel Berthier, ancien cadre, dans son long chemin de croix, permettent au réalisateur de proposer une galerie de personnages attachants, au royaume de la débrouille, où on se lave dans des toilettes publiques, où l’on vole par nécessité parce qu’on a faim (le boudin chaud dans une maison douillette suscite la convoitise du héros), où la solidarité entre les pauvres n’est pas toujours la règle, même si Gérard Jugnot n’est pas Dino Risi et que son trait n’a pas le mordant des comédies sociales à l’italienne.
Les acteurs qui lui tiennent compagnie ont les trognes et les comportements de circonstance : dans le rôle d’un SDF sanguin, sans cesse freiné dans ses ardeurs belliqueuses, Chick Ortega fut certainement la révélation du film ; Ticky Holgado joue les suiveurs, tandis que Bohringer, voix éraillée, cabotine aux quatre vents et finit par agacer. Jugnot, quant à lui, parvient à effacer son personnage de beauf qui lui collait un peu trop à la peau depuis Les Bronzés. La mue était déjà entamée depuis Tandem, le bon film de Patrice Leconte. Une époque formidable confirme le virage artistique.