Le 4 novembre 2019
Sur fond de marginalité, une authentique réflexion sur la délicate transition entre le monde de l’enfance et l’âge adolescent.
- Réalisateur : Geneviève Dulude-de-Celles
- Acteurs : Emilie Bierre, Irlande Côté, Jacob Whiteduck-Lavoie
- Genre : Drame
- Nationalité : Canadien
- Distributeur : Wayna Pitch
- Durée : 1h42mn
- Date de sortie : 6 novembre 2019
- Festival : Festival de Berlin 2019
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Résumé : Mylia, une enfant timide et farouche de 12 ans, s’apprête à quitter sa campagne natale pour la grande école. A la recherche de repères dans ce milieu qui lui semble hostile, elle apprendra à mieux se connaître à travers la rencontre avec Jimmy, un jeune autochtone de la réserve voisine. Mylia avancera comme elle peut, parfois maladroitement, en se frottant à l’absurdité de l’adolescence, à ses malaises et à ses petites victoires.
Notre avis : Les films traitant de l’adolescence et de la crise existentielle qui l’accompagne sont légion. Personnellement marquée par cette période instable de la vie, la réalisatrice québecoise Geneviève Dulude-de-Celles y puise son inspiration pour donner naissance d’abord un court-métrage de fiction La coupe, puis à un long-métrage documentaire Bienvenue à F.L., qui décrit la vie d’une communauté d’adolescents dans le huis clos de leur école.
Pour bâtir ce premier long-métrage dont elle élimine tout aspect romancé, au point de lui accorder des allures de documentaire, elle passe plus de deux ans au sein d’une école secondaire au contact de plusieurs jeunes. C’est donc nourrie de leurs confidences et de leurs doutes, qu’elle se jette à corps perdu dans cette fiction, dont les accents d’authenticité, largement étayés par le jeu d’Emilie Bierre, la jeune valeur montante du cinéma québecois, font tout l’intérêt de ce sujet universel auquel chacun peut s’identifier.
- Copyright Lena Mil-Reuillard/Etienne Roussy
Mylia (Emilie Bierre) a bien compris qu’inexorablement elle s’éloigne du monde de l’enfance. Contrairement aux jeunes qui l’entourent, ça ne la réjouit pas vraiment. Sa sensibilité exacerbée, à laquelle s’ajoute le douloureux souvenir d’une période de harcélement scolaire, la pousse à s’isoler. Pour garder un pied dans l’enfance, elle reste très proche sa petite sœur Camille (Irlande Coté), une gamine dont la vivacité et la spontanéité tranchent avec la mélancolie de Mylia. Leur complicité est palpable et leur duo fait merveille. C’est grâce à elle qu’elle fait la connaissance de Jimmy (Jacob Whiteduck-Lavoie), un jeune Amérindien, lui aussi marginalisé du fait de ses origines. Cette amitié, qui lui offre de mieux se connaître, permet à la réalisatrice d’effleurer délicatement (et trop brièvement) un autre niveau de réflexion autour de l’histoire du Québec et de son passé colonial.
- Copyright Lena Mil-Reuillard/Etienne Roussy
La colonie, c’est avant tout cette troupe d’adolescents non professionnels ou comédiens confirmés, qui évoluent avec un naturel confondant dans des immensités campagnardes au parfum de liberté, contre lequel se fracassent les rêveries de Mylia qu’Emilie Bierre, d’un simple tressaillement du visage, d’un clignement d’yeux, s’approprie sans faillir. Car même au milieu du bruit des fêtes auxquelles on l’invite, des discussions des adultes ou des conversations sans filtre de ses camarades, Mylia n’entend rien. Elle se réfugie dans un monde de silence, toute occupée qu’elle est à se protéger de cette nouvelle vie qui l’attend et dont elle ne veut pas. Entre tendresse et réalisme, la caméra, avec une précision d’orfèvre, saisit le regard perdu de Mylia, laisse éclater la joie de vivre de Camille, scrute la révolte contenue et pudique de Jimmy, tout autant que l’insouciance ambiante.
Pourtant, malgré ces atouts indéniables, le récit souffre d’un scénario qui, sous prétexte de préserver coûte que coûte cette tendre délicatesse qui fait son originalité, se leste d’un rythme contemplatif, peuplé de scènes en clair-obscur et de dialogues restreints.
Une colonie n’en reste pas moins une chronique touchante qui, bien loin du conformisme propre à l’adolescence, célèbre le combat d’une jeune fille bien décidée à sauvegarder sa particularité « Si je deviens un jour comme les autres, tue-moi » demande-elle.
- Copyright Wayna Pitch
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