Le 6 décembre 2018
Un film champêtre rohmérien qui se saisit de l’opportunité de la Révolution française pour évoquer les transformations charnelles et politiques d’un jeune moine lettré. L’œuvre souvent belle et sensuelle, malgré une réalisation un peu rigide, se pare d’un effort d’écriture qui accorde une place proéminente aux dialogues.
- Réalisateur : Clément Schneider
- Acteurs : Quentin Dolmaire, Grace Seri, Franc Bruneau, Vincent Cardona, Francis Leplay
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Shellac
- Durée : 1h15mn
- Date de sortie : 26 décembre 2018
- Festival : Festival de Cannes 2018, ACID 2018
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Résumé : 1792. Loin de l’épicentre de la Révolution française, le couvent du jeune moine Gabriel est réquisitionné comme caserne par les troupes révolutionnaires. Une cohabitation forcée entre moines et soldats s’ensuit, qui ne laisse pas Gabriel indifférent aux idées nouvelles.
Notre avis Le temps est à la révolte. Même dans cet arrière-pays niçois habité dont la quiétude des oliviers et la douceur des montagnes sont à peine gênées par le chant des cigales, la Révolution gagne du terrain. Le jeune moine, Gabriel, interprété par Quentin Dolmaire, qu’on avait découvert dans le film d’Arnaud Desplechin Trois souvenirs de ma jeunesse, dort paisiblement dans les arbres, en harmonie avec la nature, à la façon d’un François d’Assise, jusqu’au jour où une sorte de colporteur fantasque vient le prévenir que son abbaye va être envahie par une horde de révolutionnaires, plus amoureux des plaisirs bucoliques que des combats républicains. Le quotidien du religieux s’en trouve totalement bouleversé, d’autant que les soldats sont accompagnés d’une jeune femme noire très belle, terrée dans le mutisme, et qui ne va pas tarder à initier notre héros aux douceurs de la chair.
- Crédit photo : Sofia Rodrigo
Un violent désir de bonheur est, à l’instar de son titre, une œuvre très écrite. Sans doute trop. En effet, l’évidente qualité des dialogues tend à palier une mise en scène très classique, voire rébarbative. Clément Schneider dont c’est le premier long-métrage distribué sur le grand écran, se fait plaisir. Il a auto-produit ce projet via sa société Les films de l’Argile, qu’il a cofondée à sa sortie de la FEMIS. Il n’impose aucune limite à sa plume, certes très inspirée, très féconde, mais qui flirte parfois avec un poil d’orgueil. Le spectateur finit par se perdre dans cette langue emphatique et généreuse, pour oublier l’indéniable poésie qui transpire dans les paysages provençaux.
- Crédit photo : Sofia Rodrigo
On ne peut pas nier le bonheur que le réalisateur a de filmer l’actrice Grace Seri. Elle illumine totalement l’écran dans des postures sensuelles et habitées. A côté d’elle, Quentin Dolmaire récite son texte avec délicatesse et opiniâtreté. Il y a quelque chose de solaire qui se joue entre ces deux personnages, tous les deux se jetant dans un processus lent et inexorable d’une découverte de leurs propres sens et identités.
- Crédit photo : Sofia Rodrigo
On saluera la bande-son très contrastée, à la limite de l’anachronisme, qui accompagne ce film d’époque. Les voix de Patti Smith, des Last Poets et de Marianne Faithfull, au lieu de provoquer un choc des cultures, nourrissent le film d’une sorte de dissonance heureuse alternant avec les pauses musicales accordés aux comédiens. Voilà donc un réalisateur et producteur dont la liberté de ton, promet bien des miracles de cinéma et dont il nous tarde de découvrir les efforts futurs.
- Crédit photo : Sofia Rodrigo
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