Le 14 mars 2023
Dans Un varón, l’errance du jeune Carlos dans les rues de Bogota offre un cadre idéal à son jeune acteur pour se révéler, et à son metteur en scène pour nous envouter.
- Réalisateur : Fabian Hernández
- Acteurs : Felipe Ramirez, Juanita Carrillo Ortiz, Diego Alexander Mayorga, Jesús Alberto Cuero
- Genre : Drame, LGBTQIA+
- Nationalité : Français, Allemand, Néerlandais, Colombien
- Distributeur : Destiny Films
- Durée : 1h22mn
- Date de sortie : 15 mars 2023
- Plus d'informations : Le site du distributeur
- Festival : Festival de Cannes 2022
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Résumé : Carlos vit dans un foyer de Bogota. Alors que Noël approche, il tente de se faire un pas vers sa sœur, et vers sa mère toujours en prison. Seulement les rues de Bogota, pour lui comme pour tous ses compères, ne laissent d’autre horizon que celle d’être un homme, un vrai. Autrement dit, un « varón ».
Critique : L’essence de Un varón tient en deux obligations pour le jeune Carlos, qui résument toute la tension dramatique du film. Accepter, et s’accepter. Il doit accepter un cadre de vie pas conforme à ses idéaux. Accepter d’être éloigné de sa mère, de sa sœur. Accepter la dure réalité que Noël, dont on imagine qu’elle devrait être une échéance positive, se rapproche comme une fatalité qui révèle, en creux, tous les manques de son existence. Et s’accepter, lui, jeune homme différent car viril d’apparat, mais qui trace une ligne bien plus fine entre masculin et féminin que ce que la rue exige.
- © Destiny Films
Avec la révélation Felipe Ramírez en tête d’affiche, le film construit cette double tension dramatique avec un atout de poids. En effet, s’il est entendable que le film souffre de multiples critiques, il paraît aventureux de questionner le pouvoir d’attraction du jeune acteur. La mise en scène de Fabian Hernández comprend cette qualité majeure. Ce dernier couple la volonté de s’appuyer sur Felipe Ramírez et de gagner en fluidité dans son montage en restant longtemps, et souvent, focalisé sur un visage dont l’androgynie renforce le caractère insaisissable. Ce montage, de fait, constitue un attrait majeur de Un varón. En limitant les contrechamps, en ne coupant pas plus que de raison, il nous rapproche du cœur émotionnel de son sujet : la double acceptation décrite initialement.
- © Destiny Films
Des normes de genres à la violence de la rue, tout semble aller à l’encontre des aspirations de Carlos. La question devient alors, pour un spectateur sur le point d’être conquis : quel sera le point de convergence de ces questionnements ? Le film peut être rangé dans la catégorie spécifique des films d’errance. Mais il présente tout de même des enjeux qui méritent conclusion. Or, sur ce point, sans insatisfaire mais en provoquant un brin de frustration, la fin paraît sans perspective tout à fait concrète. Elle n’offre qu’une ouverture légèrement indécise, qui ne résout pas tous les arcs narratifs ébauchés tout le long.
Il serait sévère de crier à la déception de ce point de vue. Mais la pudeur du final devient plus embêtante sur un aspect un peu mis sous le tapis : l’éloignement des codes du masculin de son protagoniste, et sa faculté à l’assumer ou non. Il est évoqué, au détour de quelques scènes par ailleurs très jolies. Mais pas plus, alors que cela constitue un nœud gordien, indépassable compte tenu du contexte dans lequel il évolue. S’il ne faut jamais critiquer un film pour ce qu’on aurait aimé qu’il soit, le fait qu’il effleure le sujet au lieu de l’embrasser s’apparente à une occasion manquée.
Le métrage demeure réussi et touchant, à bien des égards envoutant, et offre un éclairage bienvenu sur le cinéma colombien, qui mérite toute notre attention.
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