Un roman policier

Loin des caricatures, Stéphanie Duvivier nous présente les coulisses du boulot de flic de banlieue dans un joli petit film qui pâtit néanmoins de ses digressions sentimentalo-sexuelles.

L’argument : La banlieue, de nuit. Dans un petit commissariat, Emilie Carange, lieutenant de police en proie à des frustrations, voit débarquer Jamil Messaouden, jeune stagiaire, aux méthodes peu orthodoxes. Elle s’éprend de désir pour lui.
Une petite grand-mère arabe se dit témoin d’un grand trafic de drogue. Viard, le flic de la brigade des stups, qui devrait logiquement les traquer a "la tête et le coeur ailleurs".
L’équipe se retrouve dans une affaire qui les dépasse. Plus les nuits filent, plus le désir d’Emilie pour Jamil grandit.
L’affaire de drogue dérape, Emilie aussi...

Notre avis : Un commissariat de quartier, genre blockhaus, en plein cœur de la cité, entouré de tours menaçantes. Des flics tous plus paumés les uns que les autres. Un monde prêt à exploser après qu’un jeune se soit fait tuer par un agent en légitime défense. Tel est l’univers que nous présente Stéphanie Duvivier dans ce long métrage qui s’intéresse à l’envers du décor.
Dans cette version banlieue du Petit lieutenant, le regard du réalisateur se pose avec un certain réalisme sur le dernier bastion de la Loi, perdu dans un monde qui a ses propres règles. Il n’y a pas de bons et de méchants flics, juste des êtres humains qui essayent de s’en sortir avec des cartes biaisées d’avance. En s’attachant à nous montrer les faiblesses, les frustrations, les envies de bien faire de ces flics en manque de reconnaissance, ce métrage montre une image peu courante de la police.
Par petites touches, la réalisatrice dépeint cet univers centré sur la vie du commissariat, en passant de la femme insatisfaite, ronde mais pas dénuée de charme (interprétée par Marie-Laure Descoureaux), qui va fantasmer sur la recrue sexy - jouée avec justesse par Abdelhafid Metalsi - qui en veut et qui, en raison de ses origines maghrébines, est obligée d’en faire beaucoup pour s’imposer, notamment aux yeux d’un policier alcoolo et fou d’amour - Olivier Marchal, impeccable - pour l’une de ses protégées, patronne de bar (la très séduisante Hiam Abbas), etc.
Sans voyeurisme, en évitant tous les clichés sur la cité qui n’est d’ailleurs jamais montrée dans toute l’étendue de son microcosme, le réalisme d’Un roman policier finit cependant par s’embourber dans les histoires sentimentalo-sexuelles de ses personnages et tourne au vaudeville lorsque la jalousie entre mâles se révèle. Rien de rédhibitoire, fort heureusement, les plans, visuellement très soignés, et le regard différent sur la banlieue l’emportent sur les quelques imperfections de cette première oeuvre tout à fait prometteuse.